Disparaître
.
rien ne soulage
la tourmente
.
.
.
le refuge expulse l’oiseau
l’œuf
dormant
s’écrase et sèche seul
.
.
.
éparse
depuis longtemps tu ne marches plus
sur la ligne blanche
où le lointain touchait
ta main
un néant
sublime
t’avale
.
.
.
le vent déchire
les toits
tombent
ou s’envolent
bris
et tessons
est ton nouveau nom
.
.
.
parmi les éclisses
tes voix meurent
leurs voiles
emportés on ne sait où
.
.
.
il n’y a plus
autour
ni clarté ni
horizon
les aveugles vont ainsi
que des barques
charriées
sans nulle écume
.
.
.
à errer
tu ne crois plus
la nuit grise ses fantômes
les angoisses
que la moindre encoignure suinte
.
.
.
il n’y a que le noir
total
où les jours se fondent
.
.
.
disparaître commence avant
les matins exsangues
avant même d’avoir un nom
.
(se) disparaître
(se) disparaître
mes ombres se rient
de la matière dont elles ne savent rien
du temps inexistant
devant un carton à remplir
les objets narguent chaque lieu
les espaces redessinent
une définition vacante
.
.
.
volubiles et invisibles
des racines
des tiges
cherchent rampent
s’agrippent
me chantournent
en une marée de liserons improbables
montante
inlassable
à serrer la gorge
.
.
.
tout autour
le silence enfante
des mirages sonores
envolés
comme l'oiseau
un désert avance ainsi l'inexorable
des dunes
.
.
.
accepter
est un geste que personne ne voit
.
.
.
lente
je ferme
les yeux
des petits couteaux tranchent
le leste
sèvrent les liens
.
.
.
une main se pose et
si
dans le corps
les os tremblent
c'est qu'ils ne savent crier
ni dire adieu
.
.
.
ce qui se défait
choit
jonchées vives
hantant
la pensée
ses corps
leurs organes inventés
je ne suis plus que
ce mur vidé
.
.
.
la vie dissout tout
comme nos restes …
.
.
disparaître II
.
quelle nuit chuchote sous les méduses
les filaments roses et la myriade de piqûres
.
.
.
au fond
on sait que la vie palpite sans nous
.
.
.
une île s’effondre et sombre
il n’y a plus d’ailleurs
que le centre d’un grand siphon
cette aspiration
…
la noyée ne profère aucun son devant le bleu séquestre
.
.
.
(à se vivre)
si enceinte veut aussi dire un certain enfermement
délivrer est une des formes de la mort
.
.
.
sans geste
sans refus
couler descendre couler
par le seul poids d’être
jusqu’à rejoindre un sol
inqualifiable
.
.
.
sans doute
le jeu des exocets saura mentir
mais les vagues racontent chacune de nos érosions
.
disparaître II
Disparaître sans traces
n'étant plus maître
de ses audaces
Sans se voiler la face
quel est ce défi
pour quelles grimaces
Disparaître par contumace
ultime pirouette
de perspicaces
Néant devant la glace
d'un miroir brisé
fin des menaces
disparaître II
aarrghhh tu me tortures de rimes (et rire)
(se) disparaître II
.
.
.
en conciliabule
la nuit des objets
— me déconcerte —
rassemblés
sur le parquet blond où
je suis leurs reflets
.
.
.
je suis
la tache vive le rire les fleurs évaporées
le translucide des heures leurs essences bues une à une goutte
.
.
.
je ne vois plus le pour le contre
m’entassent d’embâcles blanches quand les banquises se fendent
compactent
papiers — carnets — annotés ou vides ou patients :
ce qui me résume devant l’inutile
.
.
.
un cri silencieux émerge et passe comme un train bleu
espace — trouée — les vacuités soudaines
divulguent
ce que je n’étais pas
.
.
.
depuis toujours
les désordres avouent que l’immuable n’existe nulle part
.
.
.
nulle part
les animaux de mes veines ne se calment
alors que je cède et défais
un monde
seule
.
.
.
on s’habitue à l’absence
même à la sienne …
disparaître II
tortures dictatures
sur les chemins de la liberté
je trace sur une feuille
des reflets d'évasion
et je ris en pensant
que nul ne peut savoir
si dans ma demeure
mes oranges sont confiture