Un truc en cours...
Un texte qui pourrait faire partie d'un truc peut-être en train de s'écrire...
je me souviens
on oublie quelque chose
dans une pièce
une partie de soi à l’abri de la lumière
sur les dents
les épaules
le ventre fait du bruit
c’est là que je me suis caché
mais je n’ai pas de plan pour remonter
la fatigue danse à côté
elle avance
la bouche pleine de salive pour essuyer
le non vécu
il y a une couleur
je crois que j’étais dedans
souvent ça dégouline entre le mot et l’idée
l’orange et l’orange
ça fuit partout
comme des phrases à la commissure
j’attends que ça passe et
ça ne passe pas
le mur respire encore
.
(rien)
un battement trop fort
un souvenir sans jambes
.
ça vient ça monte
nous vivons en silence
des zones entières de nos corps s’assombrissent
ça sort trop
il faudrait une barrière mais il n’y a rien
c’est pareil
c’est pareil
je me souviens de tout
c’est la guerre dans ces zones de confusion
avec des noms qui collent aux chiffres
et ça saigne fort
les bords secrets des organes
se livrent une guerre de tranchée
désormais règne
l’étendue de nos pores mêlées aux viscères
personne n’est à l’abri d’une faute de goût
au-dedans de sa peau
personne à l’abri des viscères de personne
sous les doigts
la rue qui se trouve quelque part
perd sa direction d’origine
tout au bout
se perd d’ailleurs au fond du regard des personnes
je parle je parle
et je vais m’enfoncer dans le sol
dans l’œil
le tien le mien
celui de personne
partout le regard de personne
dans la bouche il fait sombre presque autant que dans le ventre
pourtant les cellules se gavent
se gavent jusqu’à la gueule
de mots de parois avec des serrures inviolables
les murs dans la rue tout en bas
ont l’odeur de pierres dans la tête
des trous dans la gencive à force de remâcher ces pierres dans la tête
dans la rue tout en bas des femmes se forcent à rire
en perdant leurs cheveux
je vois des femmes et leurs sourires de bêtes et
leurs cheveux à terre
dans la rue tout en bas
leurs yeux cloués par le destin de leurs ovaires
des incendies dans le ventre des femmes à formes humaines par milliers
des milliers de formes confuses au bords mêlés
croissent dans leurs placenta
dans la rue tout en bas
dans leur liquide amniotique
aux frontières des organes secrets
(perdent leurs cheveux leurs dents leurs os rien qu’en pensées)
des milliers de formes dans la rue s’échappent
de leurs ventres fertiles comme des plaies
les femmes dans la rue puisent dans ma tête
leurs enfants blonds
et nus
pour leur donner un visage
le visage
le visage de personne
au regard plongé vers le bas de leurs corps
bras et langues coupés dérivant de leur souffle
c’est fait pour durer
ces milliers de figures
défaire des visages et défigurer
le long du fleuve où ça coule et ça claque ça rougit
du dedans vers le dehors
de l’avant vers l’après
tout le temps
tout le temps
tout le temps