Bonne lecture !
***
15
En-dehors de ce qu'on fait
Pour hâter notre mort
Du plaisir manifeste à la frôler de près
Et de ces autres trucs
Qu'on fait quand on la sent
Venir pour de vrai
De tous ces autres trucs
Pour gagner quelques mois
Quelques minutes
Il reste quoi ?
Hein ?
Il reste quoi ?
16
Le problème principal de l'évolution n'est pas le prédateur qui un beau jour accède à la conscience
Mais sa proie qui saisit sa nature de proie
Fuir ça n'est pas grave
S'en prendre plein la gueule n'est pas grave non plus
90%
De ce qui vit
Est fait pour ça
Fait pour se faire dépouiller fait pour se faire péter la gueule
90% de ce qui vit n'est là que que pour servir
De bouffe ou de plaisir aux 10% qui restent
Socrate dans une cité ou Socrate à Wall Street
Ou dans une pièce tout seul soumis à DSK
Sa maïeutique en dildo
Le plus dur c'est pas ça
Non
Le plus dur c'est de se rendre compte
Et saisir les enjeux
Et voir les hiérarchies
Et comprendre ce qu'il y a de naturel là-dedans
Et savoir que jamais que jamais la morale
Jamais ne soumettra
La nature
17
D'une façon générale
Tout ce qui est hors-sujet
Est sexy
Egalement sexy
Le ratage
Et sous toutes ses formes
Le bancal
Le de traviole
Le foireux
18
Les rapports hommes-femmes
Commencent ou terminent souvent
Par un viol
Et quelquefois le viol
S'inscrit dans le milieu de la relation et ne l’interrompt pas
J'habite près d'un night-club
Combien y en aura-t-il ce soir
Et combien qui seront
Consentis
Simplement parce que
C'est moins dur
De l'envisager
Ainsi
19
Au concert punk
Cette jolie fille
Deux éclats rose vif sur son crâne rasé
Deux aurores boréales
La plus belle iroquoise, oui, que j'ai vue depuis longtemps
Son corps en pleine forme de jeune fille de vingt-cinq ans
Tout le soin apporté à son costume destroy
Et j'étais sous le charme elle était beaucoup mieux que les ringards sur scène
Dans ses oreilles
Des bouchons
Punk is dead
Punk is not sourd but punk is dead
For sure
20
Pour être
Ecrivain
Le mieux
C'est d'être
Orphelin
JE SUI
S UN EN
FANT SANS
PARENT
21
Ici on n'aime pas trop les pédés ni les gouines les juifs ni les bougnoules et les feignants non plus
Ici on aime pas trop la gauche pleine de fric et de leçons de morales
Ici on aime bien qu'un mec soit un vrai mec
Ici on aime bien quand les choses sont simples
Minijupe égale salope et salope égale buffet à volonté
Ici on aime bien quand les femmes pigent bien ce qu'il y a à piger
Ici on aime bien
Ici on aime bien
Ceux qui mettent des trempes aux fiottes et aux brouteuses et ceux qui veulent foutre dehors tous les bicots
Ici on aime bien ceux qui veulent apprendre à tout le peuple élu c'est qui le vrai patron et ceux qui vont rabattre aux gauchos leur caquet
Ici on aime aussi ceux qui veulent laisser les feignants dans leur crasse et qu'ils bossent ou qu'ils crèvent ces putains d'assistés c'est pas pour qu'ils se droguent qu'on paye nos impôts
Ici on est plutôt gentils et tolérants mais trop bon c'est trop con et on est pas con ici on est pas con ici
On est pas con ici
Hein
Hein qu'on est pas con
On est pas con ici ?
On
Onnn
On essst
Onnnn esssssttt
Onnn
Onnn essttt ppppp
Ssssttttttt
Oooonnnn
Onnn esstttt ppaaaasssss
Onnnn
Onnn
Ppppaaaasss
Pppaaass
Iiiiccc
Icccccc
Iiiiiii
Tu m'étonnes
22
Regarder
S'éloigner
De l'orbite
Commune
Regarder
Refluer
Un peu plus
Chaque jour
Dans le noir
Un peu plus
Chaque jour
Dans le froid
Chaque jour / Encore un / Peu plus loin / Du soleil
23
Si Dieu a tout crée
Alors il n'y a pas le moindre libre-arbitre
Si Dieu a tout crée
Alors il a crée l'absolue liberté
Si Dieu a tout crée
Alors tout l'Univers tient au creux de sa main et dans le même temps Il est absent de tout
Si Dieu a tout crée le monde est une boite
Nous sommes vivants et morts
Sommes ses Tamagoshis
Tamagoshis de Schrodinger
24
Il y a entre les gens
Un mystère qui s'évente
Doucement
25
Je me retire de plus en plus
En moi-même
Je suis un ressac et mon corps une grotte
Profonde
Où je reflue
Jusqu'à ce qu'on
Ne me voie plus
Où je reflue
26
Ce qui n'est pas nommé n'existe pas
Ce qui n'est pas décrit est invisible
Rien n'est réel
Tant que personne
N'a pris la peine
De le dire
Le monde est un lexique
Un dictionnaire aux pages pas numérotées
Et notre tâche est de
Remettre en face les
Définitions et leurs
Mots
27
Politique :
Victoire
Sans surprise
Aux élections
Des mâles blancs
Hétérosexuels
De plus de quarante ans
28
Le but du capital
C'est de posséder tout
C'est à dire le fric
Et aussi la pensée
Et aussi tous les mots
Tout ça veut dire tout
Et pour posséder tout
Faut posséder les choses
Pour posséder les choses
Faut posséder les hommes
Pour posséder les hommes
Faut qu'ils deviennent choses
Pour posséder les hommes
Y faut les transformer
Les transformer en choses
Et c'est ce qu'on appelle
Non pas la république
Non pas la raie du cul
Non pas l'aréoport
Non c'est ce qu'on appelle
La réification
29
Depuis que j'ai un gamin
Tout les gamins qui braillent
Dans le train
M'attendrissent
30
Le type qui lit l'Huma dans le Toulouse-Narbonne porte des baskets rouges et un vieux pull rouge pale et son nez en patate gravé de couperose est tout rouge aussi rouge que ses grosses pommettes de buveur de vin rouge.
31
Se mettre
A la place
De l'autre
Quelle blague quelle foutaise comment veux-tu que j'imagine le goût du dedans de ta tête alors que dans la mienne à peu près tout le temps je n'ai aucune idée de ce qui s'y tartine
Me font rire putain
Les psychologues les âmologues
Tous les spécialistes les autoproclamés des profondeurs psychiques
Me font rire putain me font rire
Tous les Cousteau de la pensée
Me font rire
Gnôthi seauton
Shall be the whole of the law
32
Et quand tu chopes une saloperie
Quelconque et contagieuse
C'est quoi ta première pensée ?
Est-ce que ta première pensée
C'est que tu la refilerais bien
A tout le monde ?
Et si tu viens de répondre non
En quelle mesure est-ce que tu mens ?
Soit sincère, hein : on est entre nous
Ou non, mieux que ça, tu es tout seul, alors tu sais quoi ?
Ne mens pas
Regarde bien au fond
Regarde tout au fond
S'il te plaît
33
Pour chaque action
Pour chaque geste
Intervient
En dernier
La conscience
Aussi utile
Que la lumière
Dans le Frigo
Une fois la porte
Refermée
34
Et il y en a qui baisent
Comme on va à la FNAC
Dérisoire exercice
De liberté
35
A l'époque au collège en allant au gymnase avec toute la classe il y avait ce type marchant derrière moi et qui en rigolant m'a mis un doigt au cul à travers le jogging je rigolais aussi c'est pas que j'avais peur même si c'était vrai que j'avais peur de lui et j'avais peur de tout à cette époque-là
Je rigolais aussi pas parce que j'avais peur et ça je l'ai compris bien des années plus tard parce que j'étais réjoui réjoui qu'enfin quelqu'un veuille faire quelque chose quelque chose de moi réjoui de n'être pas pour une fois enfin n'être pas invisible et se faire doigter même par dérision c'est toujours mieux que rien
Et la fois où ce type qui m'avait pris en stop m'a tripoté la cuisse tout au long du trajet en faisant mine aussi de me toucher la bite cette fois-là aussi je riais comme un con jaune mais je riais terrifié mais heureux que mon corps pour une fois suscite d'autres choses que de l'indifférence même la moquerie même l'humiliation et même les brimades mieux que l'indifférence
Que mon corps pour une fois suscite d'autres choses que de l'indifférence
36
Dieu
Est dépourvu
De surface
Mais son volume
Est infini
37
Sinon tu peux toujours viser l'éternité, c'est à dire l'irréel, sinon tu peux toujours te jeter hors du monde et rester dans ta tête, dans tes fictions, vivre une vie sans fin, vivre une vie abstraite, qui ne peut pas échouer puisqu'elle n'existe pas, qui ne peut pas finir puisqu'elle est sans début, tu peux être comme Dieu, le protagoniste fictif d'une histoire parfaite, rêvée, guidée par la peur du réel, une histoire sans corps, sans désir, sans assouvissement, sans frustration, sans douleur et sans vie, tu peux ça ou bien vivre, oui tu peux aussi vivre, mais personne n'a dit que c'était obligatoire, personne n'a dit qu'habiter ce monde était obligatoire, personne, non, personne n'a dit que vivre hors de sa tête était obligatoire, oui c'est à toi de voir, c'est à toi de choisir.
un autre recueil, suite
par Kelig, mercredi 16 juillet 2014, 11:32 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 11:35 (il y a 3589 jours) @ Kelig
un autre recueil, suite
par Kelig, mercredi 16 juillet 2014, 12:07 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 12:13 (il y a 3589 jours) @ Kelig
ensuite, concernant le système, je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire.
un autre recueil, suite
par Kelig, mercredi 16 juillet 2014, 12:22 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 12:27 (il y a 3589 jours) @ Kelig
un autre recueil, suite
par Kelig, mercredi 16 juillet 2014, 12:43 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 12:48 (il y a 3589 jours) @ Kelig
un autre recueil, suite
par Kelig, mercredi 16 juillet 2014, 12:52 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
Bon, assez de chipotage :)) puisque l'ensemble est bon.
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 12:55 (il y a 3589 jours) @ Kelig
un autre recueil, suite
par dh, mercredi 16 juillet 2014, 14:06 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
j'aurai tendance à penser que nous sommes intrinsèquement déterminés par notre rapport à la violence et à la domination. >>>
c'est un tout petit peu plus compliqué que ça. il faut lire ou relire "éloge de la fuite" de henri laborit, en livre de poche. c'est un livre déjà assez ancien de 1976, mais ça n a pas pris une ride.
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 14:10 (il y a 3589 jours) @ dh
un autre recueil, suite
par zeio, mercredi 16 juillet 2014, 14:07 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
"Si, à quatre-vingts ans vous n'êtes pas infirme ou invalide, si vous êtes en santé, si vous appréciez encore la marche, un bon repas (avec toutes les garnitures), si vous pouvez dormir sans d'abord prendre une pilule, si les oiseaux et les fleurs, les montagnes et la mer vous inspirent toujours, vous êtes un individu des plus chanceux et vous devriez vous agenouiller matin et soir pour remercier le bon Dieu d'avoir 'économisé' et 'sauvé' l’énergie. Si vous êtes jeune mais déjà épuisé mentalement, en voie de devenir un automate, ça pourrait vous faire du bien de dire à votre patron (tout bas, bien sûr) : « Va te faire foutre, Jack! Je ne t’appartiens pas ! » … Si vous pouvez tomber en amour encore et encore, si vous pouvez pardonner à vos parents le crime de vous avoir mis au monde, si vous êtes content d’aller nulle part, de prendre chaque jour comme il vient, si vous pouvez pardonner et oublier, si vous évitez de devenir aigri, rébarbatif, amer et cynique, Ami, c’est presque du tout cuit."
Henry Miller - Virage à 80
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 14:12 (il y a 3589 jours) @ zeio
c'est marrant, ça fait penser à bukowski, d'une certaine manière.
un autre recueil, suite
par zeio, mercredi 16 juillet 2014, 14:21 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 14:42 (il y a 3589 jours) @ zeio
un autre recueil, suite
par zeio, mercredi 16 juillet 2014, 15:17 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
Sans doute une façon de "tuer le père" !
un autre recueil, suite
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 16:06 (il y a 3589 jours) @ zeio
un autre recueil, suite
par Claire , mercredi 16 juillet 2014, 15:13 (il y a 3589 jours) @ konsstrukt
mais bien sûr, est-ce que ça me colle le bourdon ou est-ce que je me colle
de toutes les manières possibles
l'anti-bourdon ?
c'est une bonne question et je me remercie de l'avoir posée...avant d'y répondre, je me permettrai néanmoins trois remarques :
...euh.................
les trois remarques et la suite.
par Claire , mercredi 16 juillet 2014, 17:55 (il y a 3589 jours) @ Claire
2 Mon interrogation est pourtant honnête, je me suis honnêtement interrogée, je poursuis donc.
3 Derrière cette question s'en profile une autre : que faisons-nous ici ?
J'aurais plutôt tendance à penser que nous sommes des primates dérégulés.
Des primates dirigés par un appareil instinctuel de primates, avec en particulier un instinct grégaire, et une tendance à la compétition pour des positions dominantes. Tous les systèmes politiques qui ont tenté de faire disparaître cette tendance ont abouti à des catastrophes.
Dérégulés au sens ou tout ce qui chez les primates limite la violence des affrontements pour ces positions dominantes, et limite les exactions auxquelles se livrent les dominants sur les dominés est fragile, vite débordé. Nous n'avons plus ou peu de régulation instinctuelle, ce qui explique les horreurs dont sont capables les humains entre eux, l'absence de limite à leur avidité qui effectivement autorise les termes que tu emploies de prédateurs et de proies. Mais ce n'est pas, je crois, au départ, des termes qui rendent compte de la nature des rapports humains
Ce qui nous dérégule, je crois que c'est notre intelligence, la conscience que nous avons de notre dépendance, de nos interactions insatisfaisantes, du destin qui nous attend....et donc l'angoisse qui nait de cela.
Mais notre intelligence est aussi un moyen de s'opposer à la dérégulation, elle l'a toujours été, elle a créé toutes sortes de formes culturelles, de remparts moraux, de formes de lutte contre l'injustice, elle nous amène à nous identifier à l'autre etc....
Je crois que notre intelligence mène une guerre contre elle-même : forces de dérégulation contre forces de régulation.
Voir l'espèce humaine simplement en terme de prédateur/proie conduit au désespoir ou au cynisme. C'est à dire à une incapacité à s'opposer aux forces de dérégulation qui nous menacent, à la fois pour soi-même (et donc à un risque de s'identifier encore plus à une proie) et pour l'ensemble du corps social.
Voir l'espèce humaine en évacuant la dimension de cette prédation c'est occulter la réalité, et donc perdre toute efficacité dans le lutte contre la dérégulation.
Toutes les productions culturelles jouent leur rôle dans cette lutte, d'un côté ou de l'autre, et voilà peut-être ce que nous faisons ici.
tout ceci dit naïvement, sans aucune remarque sur la forme de ces poèmes, uniquement sur le fond.
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , mercredi 16 juillet 2014, 23:10 (il y a 3588 jours) @ Claire
je ne sais pas si la littérature (ou les autres productions culturelles, d'ailleurs) joue un role particulier. l'ambition que j'ai, dans la mienne, consiste simplement à donner une voix aux victimes et aux laissés-pour-comptes, au nombre desquels je ne compte pas, mais dont je fais pourtant partie, selon les critères des organismes chargés de mesurer la chose.
les trois remarques et la suite.
par Claire , mercredi 16 juillet 2014, 23:40 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
les trois remarques et la suite.
par Claire , jeudi 17 juillet 2014, 12:02 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
Le travail était une analyse littéraire, sans aucune interprétation de la problématique de l'adolescent. Pourtant le but était thérapeutique et énoncé comme tel.
Elle disait que les oeuvres artistiques peuvent jouer un rôle de "frayage" dans un no man's land d'affects et de représentations dangereuses parce que non-élaborées, non symbolisées, et du coup, envahissantes et paralysantes. C'est un travail inconscient qu'a fait l'artiste, le travail sur la forme qu'il leur donne, et du coup c'est comme un chemin ouvert que d'autres empruntent, toujours de façon inconsciente.
Bien entendu, si l'artiste se donnait ce but-là (faire du bien aux autres) plutôt que celui de parvenir à dire exactement ce qu'il a envie de dire, ce serait raté :)
C'est pourquoi mes considérations anti-désespoir ne s'opposent pas à tes poèmes.
Il y a aussi un autre thérapeute qui s'est aperçu presque par hasard de l'effet de fascination que prenaient des récits mythologiques pour une classe d'enfants difficiles, et de la façon dont ils pouvaient s'en emparer pour avancer.
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 12:13 (il y a 3588 jours) @ Claire
cependant, je ne pense pas que ça soit si inconscient que ça, aussi bien pour le fabriquant de l'oeuvre, que pour son consommateur.
quant à la fascination exercée par les mythes, oui, c'est même leur fonction première :)
les trois remarques et la suite.
par Claire , jeudi 17 juillet 2014, 12:32 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
Apres il a proposé un travail d'illustration, de choix, de réécriture, etc...et puis des apprentissages scolaires sont devenus possibles, tolérables (parce qu'il explique aussi que ce sont aussi les angoisses soulevées ou réveillées par les "savoirs" qui les agitaient autant).
Il a écrit un bouquin là-dessus.
pour en revenir à l'inconscience de l'artiste, c'est au moment du travail sur la forme qu'elle me semble être nécessaire. Pas dans le projet de départ.
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 12:44 (il y a 3588 jours) @ Claire
la part de l'inconscient là-dedans, je la vois plutôt dans le tropisme qui me ramène, peu ou prou, toujours vers les mêmes sujets et que, effectivement, je laisse me dominer sans vraiment chercher à corriger ni à comprendre.
les trois remarques et la suite.
par Claire , jeudi 17 juillet 2014, 13:06 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
pourquoi tu va mettre ce mot-là, comment tu coupes tes chapitres, la musique de la phrase, l'équilibre entre descriptions, dialogues et récits. Il y a là un truc que je n'arrive pas à définir et qu'on sent plus encore en poésie. La forme dit quelque chose que les mots ne disent pas. Et c'est quelque chose d'essentiel, qui est et reste inconscient....qui fait le lien entre tous les arts.
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 13:13 (il y a 3588 jours) @ Claire
les trois remarques et la suite.
par Claire , jeudi 17 juillet 2014, 13:18 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 13:27 (il y a 3588 jours) @ Claire
cette idée d'opacité et de mystère inconscient, en fait, est très éloignée de la vision que j'ai de mon activité, que je vois au contraire comme très laborieuse, très lucide. je n'ai jamais éprouvé, par exemple, cette chose qu'on appelle l'inspiration. j'ai des idées de textes, c'est vrai. j'en ai, comme tout le monde, quarante par jours. ce qui fait que j'en choisis une plutôt qu'une autre, ou bien que je n'en choisis aucune et que j'attends la fournée suivante, c'est un examen lucide de ses possibilités. je ne crois qu'à la concentration et au travail, en fait, pour produire de la littérature, et à une discipline mentale qui va permettre à la réflexion de partir dans les bonnes directions.
les trois remarques et la suite.
par Claire , jeudi 17 juillet 2014, 13:30 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
les trois remarques et la suite.
par Claire , jeudi 17 juillet 2014, 13:33 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 13:38 (il y a 3588 jours) @ Claire
les trois remarques et la suite.
par 412, jeudi 17 juillet 2014, 14:50 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 14:58 (il y a 3588 jours) @ 412
les trois remarques et la suite.
par 413, jeudi 17 juillet 2014, 15:06 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 15:24 (il y a 3588 jours) @ 413
je ne pratique pas la peinture. en revanche, ce que tu dis du mouvement qui précède l'intention, je l'éprouve en musique, sans pour autant savoir si c'est propre à la musique, ou si c'est juste le symptome de mon incompétence.
les trois remarques et la suite.
par zeio, jeudi 17 juillet 2014, 22:37 (il y a 3587 jours) @ 412
Est-ce qu'il s'agit uniquement de mouvements internes ?
Ca me rappelle ce passage de Céline dans une de ses lettres à milton hindus, il traite exactement de ça :
Je ne crée rien à vrai dire - Je nettoie une sorte de médaille cachée, une statue enfouie dans la glaise - Tout existe déjà c'est mon impression - Lorsque tout est bien nettoyé, propre, net - alors le livre est fini. Le ménage est fait - On sculpte, il faut seulement nettoyer, déblayer autour - faire venir au jour crû - avoir la force c'est une question de force - forcer le rêve dans la réalité - une question ménagère - De soi, de ses propres plans il ne vient que des bêtises - Tout est fait hors de soi - dans les ondes je pense - Aucune vanité en tout ceci - C'est un labeur bien ouvrier - ouvrier dans les ondes.
les trois remarques et la suite.
par zeio, jeudi 17 juillet 2014, 22:21 (il y a 3587 jours) @ konsstrukt
les trois remarques et la suite.
par zeio, jeudi 17 juillet 2014, 22:06 (il y a 3588 jours) @ konsstrukt
Je crois que c'est aussi la même chose pour Proust, l'histoire était un prétexte et toute la richesse de son œuvre se trouve dans ce qu'elle sous-tend, sa beauté dans les déploiements des réminiscences et des fleurs aromatiques malgré qu'elles soient invisibles et intangibles.
L'histoire serait comme la trace laissée dans la neige, après le passage du traineau, le ricochet collatéral de tous ces transports.
Pour Pessoa, il s'agissait de laisser un autre naître en lui, de se faire petit et de l'écouter, de raconter l'histoire de ce qui n'a jamais eu lieu autre part que dans son monde du dedans. Dans l'intensité de la prise de distance avec le monde et "lui-même", comme une fleur qui se développe et se fragmente en pétales, lui aussi devenait "nombreux", cherchant ce sentiment de la liberté prise, de l'échappée, l'exaltation, fragmentation de la personnalité pour extraire de l'ordinaire le murmure étoilé de ses essors.
Dans tous ces cas (dans le cas des grands écrivains je crois) ils ne font que, de a à z, traiter du même sujet encore et encore, tournent autour du même pivot central et affinent leur vision, une seule et même obsession sur laquelle ils ne parviennent jamais à mettre le doigt, et devant cette impossibilité à n'ouvrir la porte que par intermittences et confusément, à distinguer formellement ce qui les obsède, naît leur œuvre littéraire. La narration y est réellement accessoire.
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , jeudi 17 juillet 2014, 23:36 (il y a 3587 jours) @ zeio
j'avais écrit un texte pour présenter aux lecteurs la place du mort ; je le poste à la suite de cette réponse parce que, quoiqu'en grande partie hors-sujet, il précise un peu ma pensée sur la question du style.
quant à la question de la narration, elle est double, pour moi. un grand roman (ou, tout simplement, un bon roman) doit fonctionner sur deux couches : la première sera la narration, c'est à dire, superficiellement, le prétexte, l'histoire que l'auteur se propose de nous raconter. mettons, une chasse à la baleine. et la deuxième couche, ce sera ce dont parle réellement le livre. mais sans la première, la seconde ne peut pas exister. et sans ces deux-là, le travail d'écriture (que je considère comme complètement à l'opposé du STYLE, cf. mon texte) est stérile. d'où mon tel amour du roman noir, qui propose à la fois une narration vivante, réaliste, sociologique, soucieuse de distraire le lecteur et de l'embarquer dans des péripéties qui le tiennent en haleine, et des histoires profondes, riches, et dont les thématiques politiques, éthiques ou métaphysiques sont parfois inépuisables. mais bref, c'était pas la question, quoique.
****
voilà donc le texte en question (c'est surtout l'avant-dernier paragraphe qui se rapporte à ce que tu dis, zeio, mais il me semble que le reste n'est pas totalement inutile)
CONTRE LE STYLE ET CONTRE LES STYLISTES, CONTRE LA DISTRACTION ET POUR LA JUSTESSE, POUR LE PANACHE EN TOUTES CHOSES, quelques phrases pour expliquer les raisons qui me poussent à écrire un roman comme La place du mort, dans lequel une héroïne qu'on pourrait qualifier d'idiote et de cinglée, ce que je ne fais pas, moi, explose en plein vol et dans une grande violence alors que tout ce qu'elle cherchait, à travers une débauche de sexe, c'était à s'arracher à la lourdeur contemporaine ; et quelques phrases aussi pour expliquer les raisons qui me poussent à écrire en général, c'est à dire pourquoi j'écris, et contre quoi.
Je voulais donner la parole à une qu'on croit folle et qu'à la fin on se demande qui est fou et qui ne l'est pas, et si au bout du compte devenir fou n'est pas la seule stratégie moralement acceptable dans un monde pareil ; je voulais donner la parole à une qu'on juge folle, parce qu'être folle dans la société contemporaine c'est apporter une solution désespérée à un problème sans solution, à savoir l'oppression des femmes, qui est la mise en abyme de l'oppression de tous.
Je voulais parler aux femmes dont la vie part en couilles, et aussi à quelques hommes qui y sont sensibles et doivent faire face à leurs désirs, leurs lâchetés, leurs frustrations, leurs insuffisances, et le meilleur moyen de leur parler était de mettre en scène Blandine, qui a une vision du monde très noire, très libre, très féministe, ou plutôt dont les revendications sont au féminisme ce qu'Action Directe est au Marxisme, et je voulais que ces femmes-là, et aussi quelques hommes, adhèrent à ce roman et aiment ce personnage comme une des leurs, une qui aurait encore plus mal tourné qu'elles, une qui aurait vu encore plus loin et encore plus noir, et je sais que certaines l'ont aimée, Blandine, et j'espère que vous l'aimerez aussi, jusque dans ses actions les plus cinglées et les plus violentes.
Je voulais énormément de sexe et énormément de violence, et je le voulais à travers un point de vue féminin, parce qu'il m'importait de continuer, par d'autres moyens, le dialogue entamé par Baise-moi et par King-Kong théorie de Despentes ; je voulais développer une manière de penser qui soit nihiliste, instinctive, romantique, individualiste, dépolitisée et sans réflexion, pour l'opposer au monde, que je trouve nihiliste, rationnel, froid, totalitariste, politisé et intelligent ; je voulais rappeler que l'existence, dans ce monde, est une lutte permanente entre des aspirations individuelles (fussent-elles violentes, criminelles, stupides ou au contraire paisibles, bonnes et sensées) et un déterminisme historique et social qui nous contient presque tout entier, et que dans ce presque tout se joue, à la fois la chance d'exister pleinement et la douleur de ne pas y parvenir, et je crois que bâtir des fictions regorgeant de malheur, de violence et de sexe constitue le meilleur moyen de montrer à l’œuvre cette dualité.
En écrivant ce livre, je voulais déclarer la guerre aux stylistes actuels car je pense que l'écriture, la vraie, c'est la recherche de la justesse contre le style, que le style c'est ce qui se voit et que ce qui se voit c'est ce qui est faux, et que les écrivains que je tiens pour les plus grands, et ceux qui m'ont le plus influencés, représentent la mort du style et donc la victoire de la justesse et donc celle de la littérature ; je voulais aussi déclarer la guerre aux bonnes intentions, aux bons sentiments et aux livres qui sont là pour distraire, parce que je pense que la littérature doit être animée de mauvaises intentions, de mauvais sentiments, et qu'elle n'est pas là pour vider la tête mais au contraire pour la prendre, que la littérature est là non pas pour tenir le lecteur éloigné des soucis mais pour lui en fournir d'autres encore, et davantage, et davantage encore, et même des soucis auxquels personne n'avait pensé, et que la source du plaisir littéraire se situe là précisément et nulle part ailleurs, et sûrement pas, surtout pas, dans une quelconque élégance formelle ou dans une manière docile de tenir le lecteur éloigné de l'enfer.
En écrivant ce livre, enfin, je voulais rappeler que la bonne littérature est lourde, brutale, crasseuse, braillarde, qu'elle n'est pas légère, fine, propre, courtoise ; je voulais rappeler que la littérature est une exacerbation de la vie telle qu'elle ne va pas et que c'est de là que vient le plaisir de la fabriquer et de là aussi le plaisir de la lire.
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 01:00 (il y a 3587 jours) @ konsstrukt
Sinon, plein de choses intéressantes dans ton message et dans le texte. Je ne suis pas d'accord sur tout. Je trouve que, sous couvert de porter le flambeau de la narration vivante et nihiliste, il fait un peu "posture" par endroits.
Mais d'un autre côté dans ce texte on voit que tu assumes ton travail jusqu'au bout des ongles, tu sembles aller au bout sinon loin dans ta démarche, elle est surtout hantée par un feu, une appétit carnassier qui est finalement plutôt rare et fait du bien.
Tu vois, le style qui est pour moi tout aussi bien un instrument de guerre, ne me semble pas incompatible avec ce que tu dis.
Je ne pense pas que le style soit le véritable ennemi de la "bonne" littérature.
Il y a par contre d'innombrables auteurs qui cherchent ou affirment le style propre, ce sont pour la plupart de vastes foutreries, un calcul commercial. Le style je pense, c'est une voix tout entière, des auteurs qui sont entièrement dans ce qu'ils commettent.
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , vendredi 18 juillet 2014, 11:06 (il y a 3587 jours) @ zeio
j'aime bien toutes tes métaphores, et ta définition du style - qui rejoint, au fond, ce que j'attend de la forme, c'est vrai. un redoublement, un approfondissement, quelquefois aussi un trouble, par le rythme par exemple, de ce que dit le texte. mais j'en reviens à ça, tout de même : pour moi, quand on remarque le style, quand on se dit "ho ! que c'est bien écrit !", ça commence à déconner. ça ne va plus. ce que j'aime tant chez hemingway (ou chez hammet, ou chez d'autres), c'est d'éprouver l'impression que la phrase ne pourrait pas être écrite autrement. que l'adéquation entre la phrase et les idées qu'elle exprime est si forte, qu'il n'y a aucune variante possible. et j'ai l'impression que cette impression s'obtient, non pas en fabriquant un style, une voix, un ton, mais au contraire en soustrayant tout ce qui n'est pas absolument nécessaire. et aussi, entre la prose de chandler, hammet, hemingway, bukowski, et d'autres, je ne suis par certain de faire la différence, à part remarquer que ces phrases-là, je ne peux pas, personne ne peut les écrire autrement. alors que céline, ou duras, non seulement on les repère à trente mètres, mais en plus, on sent bien que leur texte est la cristalisation d'un infini possible de textes - ce qui me déplaît souverainement (alors qu'en musique, par exemple, c'est plutôt ça qui me séduit).
les trois remarques et la suite.
par Claire , vendredi 18 juillet 2014, 13:53 (il y a 3587 jours) @ konsstrukt
Pourtant, qu'on le veuille ou non, je crois qu'il y a quelque chose dans la façon d'écrire de chacun qui renvoie à ce qu'il est : la vitesse à laquelle il mange, les musiques qui le calment et celles qui l'horripilent, la façon dont il regarde ses interlocuteurs, s'il transpire facilement ou pas, les livres qu'il a adorés, le moment où il quitte une assemblée, sa façon de se mettre en colère, sa façon d'être tendre, etc.....l'image qu'utilisait zeio de la voix me paraît assez juste. L'empreinte vocale est unique, faite de prédispositions génétiques et d'évènements de vie, de la façon qu'on a de se voir....etc....là, je crois que l'inconscient a sa place.
il y a autre chose, et c'est la question des "formes" qu'une situation socialo-politique particulière induit.
Les jeunes afro-américains des banlieues ont créé des formes, picturales, musicales, poétiques, qui répondaient à ce qu'ils vivaient et à ce qu'il étaient, (comme les troubadours du moyen-âge ou les artistes du théâtre nô, d'ailleurs).
Et ça, c'est quand même important. C'est comme créer une langue commune, capable de dire quelque chose de cette situation nouvelle, que les langues existantes ne pouvaient pas dire. Et pour moi, ces formes, ces styles, sont des tentatives de résoudre des problèmes vitaux.
Je crois que certains individus font de même.
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 15:49 (il y a 3587 jours) @ konsstrukt
Pour moi c'est une excellente définition du style.
Je comprends bien ce que tu veux dire, ce que tu n'aimes pas, c'est le côté fabriqué d'un style, l'aspect reconnaissable d'un auteur.
Je vois plutôt le style comme un prisme, un instrument d'expression de la vision, une voix. C'est vrai que Céline se voit à 100 mètres, pour autant personne ne serait capable de l'imiter. C'est d'ailleurs aussi le cas de beckett ou joyce parmi beaucoup d'autres. D'autres ont un style réputé comme invisible comme houellebecq.
Est-ce réellement un problème ?
On reconnaît aussi un matisse, in modigliani, ou un bacon à 100 mètres. D'ailleurs en peinture, ce phénomène est beaucoup plus prononcé, tous les grands peintres sont reconnaissables de loin. S'ils ne le sont pas, c'est généralement qu'ils sont mauvais.
Peut-être cela est-ce dû notamment au fait que la littérature ne repose sur aucun sens en particulier, tandis que la peinture ou la musique reposent sur un sens unique (vue, ouïe...). Ça rend la littérature plus ambiguë et moins propre à produire des "identités" réellement nouvelles par le style, la voix (forcément en partie imaginaire et dans laquelle on met une grande part de soi je crois) qui s'en dégage.
J'aime, lorsque je lis un auteur, de pouvoir me dire : c'est elle ou c'est lui. C'est une sorte de retrouvailles.
Le style, la voix, son rythme, le permettent.
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , vendredi 18 juillet 2014, 11:34 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 01:17 (il y a 3587 jours) @ konsstrukt
Il en va de même pour le cinéma d'ailleurs, les histoires m'y ennuient. La plupart du temps, je ne les suis pas vraiment. Je regarde un film pour l'atmosphère, le dégagement, la fuite de la réalité. Forcer la serrure d'un rêve. Je regarde un film pour un autre monde. Ca ne m'empêche pas d'aimer les films réalistes, paradoxalement, si j'y trouve de quoi me nourrir. Les personnages, je m'en fou... Je pense être nihiliste aussi pour ma part... et si les histoires ne m'intéressent pas, c'est aussi parce que la plus grande partie de moi se situe ailleurs. J'ai jamais su entrer dans le grand manège, il n'y avait plus de siège libre quand je suis arrivé.
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 01:35 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par konsstrukt , vendredi 18 juillet 2014, 11:07 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 14:22 (il y a 3587 jours) @ konsstrukt
Bon, il y a des quelques exceptions malgré tout.
Quelques exemples comme ask the dust, le palais de glace de vesaas (livre fabuleux), ou les eltychev de Sentchin (purement narratif) ou lovecraft relu récemment. Nouvelles de maupassant, voire houellebecq.
La trame narrative y joue le rôle principal, et j'ai aimé ces livres.
J'ai un peu forcé le trait hier soir même si le fond est tout à fait vrai : je ne privilégie pas l'histoire et ce qui m'intéresse le plus en littérature, c'est l'échappement, la prise de distance avec les événements, une urgence émotionnelle, la trouvaille poétique, ou le hasard heureux d'un événement qui révèle quelque chose de plus que ce simple événement, une beauté déterrée ou une vision neuve sur l'ordinaire qui lui fait prendre une dimension supplémentaire...
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 13:33 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 13:46 (il y a 3587 jours) @ Florian
les trois remarques et la suite.
par Claire , vendredi 18 juillet 2014, 14:03 (il y a 3587 jours) @ Florian
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 14:11 (il y a 3587 jours) @ Claire
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 14:24 (il y a 3587 jours) @ Florian
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 14:29 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 15:10 (il y a 3587 jours) @ Florian
Cette image peut être pleine d'erreurs de jugements, d'idéalisations nécessaires, cela n'enlève pourtant rien à la sincérité de l'affection. Ça n'est peut-être pas autre chose que laisser entrer l'autre en totalité dans son monde intérieur, lui préparer et lui laisser une place de choix dans la forêt du dedans, pour qu'il vienne y loger, vivre en nous. Tout autant que vivre à nos côtés : l'aspect "organique" jouant aussi, évidemment.
Et la profondeur de l'affection est égale à la profondeur de celui qui aime !
Aimer un être, ou aimer son geste (son prolongement) c'est peut-être finir par aussi savoir aimer la profondeur de sa part inconnue, propre à renouveler l'ordinaire, à renouveler indéfiniment l'affection. Laisser une chance au mystère de l'autre sans doute, plutôt que de s'accrocher à cette sorte d'illusion de connaissance qui sera boiteuse, incomplète et surtout statique dans le temps, tandis que les êtres sont changeants.
Bon, je déborde un peu du sujet...
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 15:31 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 23:01 (il y a 3586 jours) @ Florian
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 23:50 (il y a 3586 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par zeio, samedi 19 juillet 2014, 00:40 (il y a 3586 jours) @ Florian
Ce sont des rêveurs inopérants, ceux qui ont forgé l'idée que la passion est à éviter parce que destructrice
ce sont des aplanisseurs du monde
Il faut se ronger de passions et d'accaparements jusqu'à l'os, pour faire naître sur les terrains vagues, de nouvelles fleurs
éclatant en pourpre
et des parfums nouveaux laissés le matin sur les oreillers !
les trois remarques et la suite.
par Florian, samedi 19 juillet 2014, 22:29 (il y a 3585 jours) @ zeio
qui n'ont jamais brûlé leurs ailes ailleurs que sur les odeurs de leur oreiller (quelle belle image)
qui viennent nous dire qu'il faut vivre (c'est une longue tradition)
il faut toujours se conforter dans l'idée qu'on est quelque chose de vivant
quand la chair du réel exerce sur nous une répulsion
mais surtout dans l'idée que les autres ne vivent pas : cela s'appelle le confort (encore une histoire d'oreiller)
rabat-joie
par zeio, samedi 19 juillet 2014, 23:33 (il y a 3585 jours) @ Florian
rabat-joie
par zeio, dimanche 20 juillet 2014, 00:33 (il y a 3585 jours) @ zeio
Je n'ai pas affirmé que les autres ne vivaient pas (ni toi ni autre). Mais qu'il y a sans cesse matière à vivre plus. Ça n'est pas une leçon, ni une arrogance...
juste un élan
une incitation tout à fait raisonnable
en aucun cas je n'ai cherché à te prendre de haut !
Concernant l'image de l'oreiller, une fille
repartie au matin
dont l'odeur de la peau est restée
imprégner le drap, la pièce, la demeure
J'ai toujours aimé ce prolongement
cette immersion
cette attente du retour
Rappelle-toi seulement qu'en dernier lieu, mon cœur est timide et simple
et que ma recherche ne consiste pas à me cacher derrière des faux-semblants.
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 14:38 (il y a 3587 jours) @ Florian
Par ailleurs, s'il faut "aborder la pensée de fond en comble avant d'aimer un simple geste", est-ce que ça ne va pas dans le même sens que ce que j'ai dit ? Est-ce qu'il ne faut pas en passer par l'abstraction pour saisir le potentiel et la portée d'un geste ? Pour saisir le sentiment de merveilleux dans un simple geste, est-ce qu'il ne faut pas être capable de prendre une distance extraordinaire sur l'ordinaire pour le rendre inouï, entrer dans l'émerveillement par le simple fait que ce geste a été rendu possible, et que l'être qui a effectué ce geste existe bel et bien, y lire la marque des innombrables couches mystérieuses, inextricables, laides et sublimes dont il est fait ?
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 15:07 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 15:21 (il y a 3587 jours) @ Florian
Tu voulais dire alors qu'il fallait "aborder la pensée de fond en comble" avant de pouvoir faire abstraction d'elle, et passer outre l'intelligence pour être en mesure de vraiment aimer.
Mais ça revient peu ou prou à ce que j'ai dit, mais exprimé différemment.
L'abstraction c'est aussi s'éloigner de la pensée concrète, ou de la "logique" ordinaire, il me semble.
Il faut en passer par l'abstraction de la pensée concrète pour être en mesure de s'imprégner.
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 15:35 (il y a 3587 jours) @ zeio
les trois remarques et la suite.
par zeio, vendredi 18 juillet 2014, 16:07 (il y a 3587 jours) @ Florian
Il n'est pas néfaste ou approximatif, pas plus néfaste ou approximatif que d'autres mécanismes que l'évolution a produit, système immunitaire, le vertige pour éviter à l'homme de prendre le risque de chuter, etc.
L'instinct n'est-t-il pas, comme tout ce que la nature a produit, un mécanise de défense, de protection de la vie ?
Et pour redonner sa part à l'instinct, est-ce qu'il ne faut pas "désapprendre" comme tu dis.
les trois remarques et la suite.
par Florian, vendredi 18 juillet 2014, 17:02 (il y a 3587 jours) @ zeio
1. Ce sont les instincts qui ont fait la raison (elle n’est pas tombée du ciel, c’est une sélection des instincts les plus justes).
2. L’instinct peut tout à fait nous guider vers le bonheur en tant que force vitale.
les trois remarques et la suite.
par dh, vendredi 18 juillet 2014, 17:17 (il y a 3587 jours) @ Florian
les trois remarques et la suite.
par Ramm77, jeudi 24 juillet 2014, 16:57 (il y a 3581 jours) @ zeio
Sinon je trouve passionnant tout ce fil actuel, pour lequel le temps me manque pour y participer davantage...
les trois remarques et la suite.
par zeio, jeudi 24 juillet 2014, 18:46 (il y a 3581 jours) @ Ramm77
Écrire oui, c’est se tuer je suis d’accord. C’est mettre sa peau sur la table. Tuer l’euphonique, casser le conditionné pour trouver quelque chose de nouveau; aller donner des nouvelles de cet autre, ou ce vrai soi qui se trouve derrière l’habituel. Passer par la brisure du verre.
On ne lit toujours que soi-même, je suis aussi tout à fait d’accord et il n’est d’ailleurs pas réalisable pour l’homme de lire autre chose que lui-même, ce lui-même qui peut par ailleurs être un fragment d’un tout, d’un cheminement universel.
les trois remarques et la suite.
par Florian, jeudi 24 juillet 2014, 22:43 (il y a 3580 jours) @ Ramm77
les trois remarques et la suite.
par Florian, jeudi 24 juillet 2014, 22:47 (il y a 3580 jours) @ Florian
Petite divagation qui n'a rien à voir avec le sujet
par zeio, vendredi 25 juillet 2014, 03:02 (il y a 3580 jours) @ Florian
Lui, ou elle, entrant dans l'enceinte. C'était quoi donc ? Il avait pourtant bien fermé la grille. La serrure, à triple tours. Pour être sûr. Au cas où. Au cas où quoi ? il n'en savait rien. Le tout était d'être bien enfermé. Que personne ne puisse entrer surtout. Que personne ne puisse voir ce qui se trame, surtout. Le petit monde. Que personne, oh et puis zut. Il n'avait rien à dire, à personne. Certainement pas à l'intrus qui avait passé le seuil. Qui, et quoi, pourrait s'intéresser ? S'intéresser oh non, c'est pour l'abattre, c'est certain. Qui est venu l'abattre ? Il est à terre déjà, c'est suffisant. Les autres, c'est déjà trop. Le portail est ouvert désormais, il, ce fantôme, n'a pas refermé derrière lui. Qui vient donc l'emmerder à une heure pareille ? Le plein après-midi ? Avec le soleil ? un tortionnaire sous son air doux... C'est la fatigue de parler, le pire. Une femme ? Il rend les armes, prend le pli, ça y est.
- Bonjour ? C'est pour quoi ?
- Oh !
Elle entrait.
Plus tard, ils se mariaient.
Petite divagation qui n'a rien à voir avec le sujet
par Florian, vendredi 25 juillet 2014, 12:51 (il y a 3580 jours) @ zeio
Ce genre de discours orgueilleux à la Voh Ahn est l'exact miroir d'une pensée sans issue, la manière de dire que l'homme de bien - soi - aide les malades parce qu'il est bien. Mais en réalité ce bien là est construit sur la maladie des autres, tout comme la nature de ce bien est à vérifier ! On pourrait avancer, que c'est la propre maladie du détenteur de ce bien qui se sublime dans son aide aux malades. Et c'est ainsi que la littérature prend des airs pourris depuis des siècles.
Petite divagation qui n'a rien à voir avec le sujet
par zeio, vendredi 25 juillet 2014, 14:26 (il y a 3580 jours) @ Florian
Je ne me suis pas encore recyclé garde-malade.
Et ça n'a rien à voir, mais vraiment rien, avec le style ou les méthodes du vo anh.