couleurs complémentaires

par Claire @, dimanche 27 juillet 2014, 23:24 (il y a 3562 jours)

je suis assise sous la lampe verte
sur la chaise rouge
depuis quelques jours je cherchais à m'asseoir
mais vraiment là - sur mon séant,
pesant sur le versant d'une chute géante.

reposant sur l'assise du temps défaisant
où tourne la petite toupie-tailleur
que le temps à chaque tour érode écaille
elle ne peut s'enfoncer plus loin
hors de lui.

je me tiens droite sur ce qui s'écroule
en moi chaque jour sur ce que je ne peux comprendre
dans ce vent dur et raide de l'écoulement
le dedans le dehors ne se ressemblent pas
j'erre comme Kafka
juste après la métamorphose
restait cloué au sol.

il y a des voix désincarnées et des murs
des jeunes gens à vélo font des arabesques
mais le soleil tombe trop droit
il n'y a d'ombre qu'entre mes pieds je cherchais
ce tabouret cette chaise rouge et baignant
baignant dans la verdeur de l'eau de cette lampe
voici qu'enfin venu le soir
je peux m'asseoir sur une sorte de sol
mouvant

couleurs complémentaires

par 411, lundi 28 juillet 2014, 18:23 (il y a 3561 jours) @ Claire

Ce poème est beau. Sûr. Et je remarque comme en passant qu'il fait partie de ces textes très personnels qui surgissent parfois dans ton oeuvre. C'est amusant, car d'habitude tu mets comme une distance entre toi et les choses. Et ici il y a l'écrasement, des choses, des couleurs, des sensations vécues. Tu es là, peut-être malgré toi.

couleurs complémentaires

par Claire @, mardi 29 juillet 2014, 01:17 (il y a 3560 jours) @ 411

eh oui, des fois aussi il faut bien l'admettre et en sentir le poids : on est au milieu du monde. :-/

couleurs complémentaires

par Claire @, mardi 29 juillet 2014, 01:15 (il y a 3560 jours) @ Claire

mais je descend vers le centre,
crois-moi
parler a perdu sa fonction de mélange
parler ne fait que combler l'embarras
d'être deux et de vouloir être seul.
je ne pourrais te parler vraiment qu'en marchant sans parole
regardant ce qui nous entoure,
ou partageant le même travail.

C'est aussi cela qui m'assied ici :
la fatigue des idées et des mots
quand seuls sont désirés les gestes,
la façon qu'on a de se toucher
la fraîcheur d'une joue contre la mienne
l'opacité lumineuse d'un regard
offert qui ne dit rien.