Sur une route tortueuse, dans la campagne Suisse

par 411, lundi 28 juillet 2014, 19:05 (il y a 3561 jours)

I like the peace

in the back seat

I don't have to drive

I don't have to speak


*


Les paysages défilent, la longue langue blanche de cette petite route de campagne paraît hésiter, tendrement part en lacets les falaises tombent droit, les arbres penchent et on avale et on avale

- on dévale la route, on conduit furieux alors que le soleil s'écorche aux aiguilles de pins, alors que je ne veux surtout pas arriver

- je ne suis pas un être qui arrive, je n'aime que la sensation de n'être déjà plus ici, et d'être encore loin de là-bas, plus haut, je suis un être qui monte, je suis l'épuisement total d'un mental qui tombe droit et


- la longue langue blanche fait des arababesques tellement, qu'on la dirait élastique, les arbres, les arbres et les orties, et les cahutes à flanc de colline, la campagne totale, le repos du guerrier sur le siège arrière, avec la clim' qui monte sous les cuisses, avec le bras dehors, qui semble retenir, à lui tout seul, le dévalement du véhicule


- les falaises menacent de nous fracasser le crâne, les arbres de nous faire dévier, le soleil d'aveugler nos yeux et je n'ai peur que d'arriver.


- je ne suis pas un être de bon port, je n'aime pas le destin, je ne veux pas avoir un but - surtout pas ! - et quelque part, plus loin sur le bas côté, les vaches nous observent. Les vaches sont des êtres de grâce, bien plus que nous, bien plus qu'un paradis perdu, bien plus que l'espoir d'un paradis perdu. Les vaches nous observent dévaler, les vaches se couchent droit, doucement doucement, avec leur longue langue rose et leurs beaux cils blancs les vaches nous observent. Elles ne savent bien sûr, pas plus que nous, q'un ailleurs existe après la route et ses torsions. Et je souris, soudain tranquille et dégagé. Les vaches nous observent, avec leur longue langue rose et leurs beaux cils blancs.

Sur une route tortueuse, dans la campagne Suisse

par zeio, lundi 28 juillet 2014, 21:09 (il y a 3561 jours) @ 411

Il y a comme un air d'arcade fire au début.
Ce texte donne envie de prendre la route, je m'y identifie d'autant plus facilement que moi aussi j'aime cette sensation baudelairienne et rousseauïste du voyage pour cet entre-deux, ce laps pendant lequel le là-bas n'est pas encore l'ici, et l'ici n'est pas encore tout à fait ce là-bas en devenir.

Sur une route tortueuse, dans la campagne Suisse

par Claire @, mardi 29 juillet 2014, 22:58 (il y a 3560 jours) @ 411

toute la puissance métaphysique des road movies.




c'est un lieu commun, mais justement je le redécouvre ici.