Lorsque je déraille je pense à toi

par zeio, dimanche 21 septembre 2014, 21:54 (il y a 3505 jours) @ zeio

par ailleurs par moments cela fait penser à du Desnos est-ce volontaire ou inconscient ?

Notamment :


Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.
Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.
Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.
N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.
Ferme les yeux.
Je voudrais les fermer avec mes lèvres.
Mais la fenêtre s'ouvre et le vent, le vent qui balance bizarrement la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau.
La fenêtre s'ouvre: ce n'est pas toi.
Je le savais bien.

DESNOS (A la Mystérieuse, 1926)


Pour l'anaphore des "c'est toi" et l'insistance onirique




Et puis surtout jamais d'autres que toi

"plus tu es loin de moi et plus le poème s’amplifie"
"Plus tu t'éloignes et plus ton ombre s'agrandit" (--> Desnos)


C'est pas une critique, je dénonce rien, au contraire j'aime beaucoup ces échos décochés en fragments de mémoires insistantes
qui sont à mes yeux comme une sorte d'hommage et certainement pas un plagiat dans ce cas.
J'utilise souvent ce procédé... comme des miettes de pain laissées derrière soi sur le chemin, que certains viennent ramasser
À moins que ce soit simple hasard ici mais ça m'étonnerait





Jamais d'autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus tu t'éloignes et plus ton ombre s'agrandit
Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand
Fatigué d'errer moi sorti des forêts ténébreuses et
Des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front
Et mes yeux
Jamais d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité
Ce navire à l'ancre tu peux couper sa corde
Jamais d'autre que toi
L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les barreaux
De cuivre vert-de-grisés
Quelle évasion !
C'est le dimanche marqué par le chant des rossignols
Dans les bois d'un vert tendre l'ennui des petites
Filles en présence d'une cage où s'agite un serein
Tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement
Déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud
Nous passerons d'autres lignes
Jamais jamais d'autre que toi
Et moi seul seul comme le lierre fané des jardins
De banlieue seul comme le verre
Et toi jamais d'autre que toi.


DESNOS (Corps et biens, 1927)






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