"abandon & offrande"

par 'trine & réglisse, vendredi 03 octobre 2014, 15:47 (il y a 3493 jours) @ VeM

de l'abandon, il y a déjà deux positionnements, celui de s'abandonner à... et celui d'abandonner quelque chose

quand je parle d'abandon, ces deux tenants sont conjugués, et curieusement dans ma pensée, ils se tiennent et se possèdent. l'un sans l'autre ne donne rien, ne produit pas de don ni d'offrande. abandonner au sens de lâcher, laisser tomber, sa pensée, sa culture, une idée, le sachant, un contexte, ses pelures, sa peau ... est "se rendre disponible", et s'abandonner à... est embrasser absolument cette disponibilité.

lâcher le sachant ou la connaissance est un allègement ou, si on préfère, se libérer d'un licol, d'un harnais, d'une bride, des fers, des menottes, de toutes choses pouvant "attacher" et "retenir", ou castrer, un élan, un désir, une soif, un appel. cet allègement en soi est aussi "un détachement", un détachement nécessaire pour "l'avancée du dire silencieux". ce "détachement" est un peu comme une permission accordée, donnée, au libre soi (hors du moi social), et octroie un "espace", "ouvre" un "possible" (subjectif et relatif). d'où l'enthousiasme.

s'abandonner à... c'est entrer dans cet "espace" "ouvert" "possible" et laisser advenir, se laisser découvrir, courir/tomber/voler, laisser émerger d'un ensommeillement ce que l'être fomente "sans savoir", faire la trouvaille ou retrouvailles, d'une chose qui, à ce moment précis, est un cadeau du présent, dans la qualité du présent lui-même, dans son mouvement incessant (subjectif et relatif). d'où l'étonnement.

abandonner libère et propulse, quand s'abandonner offre et rassemble (et oui c'est paradoxal)... ne parlais-tu pas de crête ?

l'offrande serait ce qu'en recueille la page blanche, l'échouerie de ce moment très précis, un peu de sel ou de poussière..








je pense que chez Duras la page était comme une mer, une mer étrange et pleine, une mer blanche d'où subitement émergeaient de façon furtive et brève des ailerons de sens, des remous dans la houle.. (bien sûr je dis mer, je pense "bassin émotif" et/ou "bassin mémoriel")







et plus bas Jean Michel dit qu'il pense que "l'étonnement marque la disponibilité"... et on est pas mal proche d'un sens partagé, d'une intersection de sens ou d'entendement... c'est intéressant. je trouve que c'est intéressant, particulièrement parce que nous sommes plus que très probablement diamétralement opposés dans l'écriture...

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