autre version (vous commencez à connaître mes péchés non-mignons...)

par Vagabond vagabondant, jeudi 30 juin 2016, 18:36 (il y a 2859 jours) @ Écrire

En certaines régions,
ta peau, bien plus proche du talc ou du gré rouge
que d'une peau, suspend mon désir
de l'effleurer, de
l'inspirer, de l'embrasser. Retient le geste
à sa pétrifiante origine : l'idée
qu'elle ne pût être que l'enveloppe illusoire
d'un corps à deux.

Alors quelque chose éclôt. Le regret
de n'être qu'un amant

au lieu de pouvoir me sentir comme cela:
statue
dont le bassin de pierre friable, enlacé par tes mollets,
dont le bras de craie fondu à ton dos, et la tempe à ta main
eussent, de craie, été friables immuablement. Peut-être,
statue, aurais-je aimé sentir
la souplesse des draps se mêler
à ce que d'autres yeux verraient luire en nous
de pleine sensation.

Peut-être aurais-je aussi voulu, comme ces poutres
de bois anguleuses
et ces fenêtres qui fondent, en nuit et jour, l'espace de la chambre,
fonder, moi aussi, l'espace érotiquement. Que mon désir, à toute matière,
se glisse et se révèle. Comme la lumière du ciel entre les persiennes.

Mais je ne suis qu'un amant
et tes cernes, à peine réelles, qu'effleurent en pensée mes doigts
à la recherche des pensées couchées en tes yeux
ne sont encore ces bouts d'ardoises où j'écris cette tendresse.
Tu n'es pas là.



*



Dehors, je le sais, le béton est froid, peut-être pas sans beauté.

Dehors, je le sais, bien d'autres choses courent à perte.

Courent les temps, les vents, le morne de la ville.

Courent la fureur et l'ennui.

Court l'indifférente mécanique du monde

et bien d'autres choses

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