La marcheuse

par Roger Walser, mercredi 13 juillet 2016, 19:43 (il y a 2843 jours) @ Vagabond vagabondant

Hmm quel bel abrégé de Poésie...


Tout d’abord le poète se réveille avec une belle gueule de bois dans sa mansarde maudite, puis l’air léger du dehors l’incite à prendre l’air, et quelle joie comme on sait, de prendre l’air dans la plus belle ville au monde de bon matin : Paris et ses airs, ses poètes, ses chanteurs engagés, l’amour inouï qui nous prend aux tempes à chaque coin de rue !
Ensuite, dans la ville immense qui est aussi la plus petite capitale européenne, le poète fait front aux éléments urbains, aux familles, à la misère ! Et il se réveille enfin, dans cet endroit parfaitement anodin qu’est Paris qu’il habite par pur hasard, pour confronter son âme maudite à la misère du peuple qui souffre tel chanté par Hugo, mais aussi à toute la mélancolie des quartiers sinistrés, où des lumières singulières éveillent l’âme à la conscience sociale, et transpercent le désespoir de leur rayonnement fauve. Et quel silence, quand on est convaincu de La cause, de la vérité sociale, quel silence soudain, quand on se recueille sur les boulevards vers Beaubourg, on n’entend rien qu’un cri de merle au tréfonds de soi, qui agite comme les plumes de la liberté, le destin des parisiens vers la lumière, non loin de République… Mais non c’est Saint-Michel ! Ses pavés lancés, ses prises de liberté grandiose, Sartre et la liberté totale, ne plus dépendre de rien qu’un arrondissement et demi, la voilà la liberté ! Et là c’est la suffocation, tant d’amour concentrique et rose qui boue dans les traverses, les odeurs fines (et même l’urine est transfigurée comme un christ de Rembrandt !)… Jusqu’à ce que La passante, ignorant tout, atteigne dans toute sa splendeur, sa lingerie fine et sa démarche, le poète ressuscité. Dans la ville immense enfin, on se prend à rêver de périphérie : Versailles, Trouville où les tintements des cuillers à café déjà, nous appellent comme un air marin…

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