Ah tiens, enfin une réflexion qui dépasse un peu le turf ! Alimentons-la...

par Rémy @, samedi 22 avril 2017, 10:33 (il y a 2561 jours) @ zeio

Il faudrait d'abord citer un pays qui aurait essayé cette politique. La plupart ont seulement tenté de redistribuer la rente pétrolière, c'est une situation qui ne correspond pas à celle de la France.

On peut peut-être considérer le Viet-Nam. Il a connu 30 ans de guerres pour se libérer de la France puis des États-Unis, donc évidemment, question prospérité il part de très très bas. Et il est directement sous la convoitise de la Chine d'une part, des États-Unis d'autre part (un peu comme l'Ukraine), donc si le gouvernement autorise la liberté de presse et de culture, ce sera un déferlement de propagande capitaliste et les élections amèneront les libéraux au pouvoir. Mais en prenant ça en compte, on a là un pays qui réussit bien par une politique poujadiste. Pas communiste-égalitaire, mais capitaliste favorisant les petits entrepreneurs contre les multinationales. Le niveau de vie s'y élève régulièrement, et cette élévation semble plutôt bien partagée.

On peut aussi comparer avec l'Allemagne de l'Est. Elle n'a pas bénéficié du plan Marshall et a été sévèrement ponctionnée pendant 40 ans par l'URSS ; par ailleurs elle a subi la guerre froide, c'est-à-dire que ses exportations étaient achetées pour trois fois rien par l'Ouest qui lui vendait des matières premières cruciales pour le double du prix du marché. Et évidemment elle était matraquée de propagande capitaliste - les premiers Allemands de l'Est qui ont passé le mur ont été tout surpris de voir qu'à l'Ouest il y avait des mendiants, et que les cuisines aménagées et les voyages aux îles qu'on leur montrait à la télé étaient réservés à la minorité qui peut payer. Sans ces distortions de concurrence et d'opinion, la RDA aurait été hyperprospère et n'aurait pas abandonné le communisme.

Il faudrait étudier le Brésil et l'Argentine, la Colombie, et tous les pays d'Amérique Centrale. On peut supposer une intervention massive des États-Unis ou d'acteurs privés financiers en provenance des États-Unis, destinée à corrompre et à spolier : ce n'est pas le Saint-Esprit qui a mis en place la (première) dictature argentine ni fait tomber Roussef, hein.

Donc la question qui se pose après l'élection de Mélenchon, c'est : qui tomberait sur le dos de la France et sous quelle forme ? Où sont les vulnérabilités ?

En pratique, étant donné le pouvoir des riches, vous deviendrez pauvres de toute façon, soit par l'évolution naturelle de l'accumulation des richesses, soit à cause des mesures de rétorsion des profiteurs à qui vous aurez cherché des noises.
Dans les deux cas, il faudra une génération ou deux pour que la situation devienne insoutenable, incontrôlable et imprévisible.

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