Salle blanche

par Claire, mercredi 25 février 2015, 14:47 (il y a 3356 jours) @ Rod.

il m'a fait penser à un vieux poème que j'avais mis dans "les lettres de l'absence". Je te le fais lire.

Lettre III : Jour de garde


C'est un couloir d'hôpital psychiatrique.
Couloir avec des portes hautes et des plafonds presque écrasants.
Couloir vide, on n'entend rien, des cris parfois. Humains ?
Où sont les gens ?
Où sont les regards des gens qui passent, des pas qui glissent ?

Le carrelage est inégal, fendillé comme le plâtre, les peintures ; lieux trop anciens pour leur beauté, trop grands.
Lieux qu'on n'entretient pas où le malheur a fait son nid.

La chambre est blanche et grande, la petite table où on travaille, le téléphone qu'on n'aime pas entendre sonner. Tout sent la vieille cuisine, et la porte-fenêtre donne sur un jardin envahi, sur des lianes d'ombre verte, un jardin que tout le monde a oublié.
C'est quoi ce bruit terrible de panique dans le couloir ?

Bruit d'ailes fracassées sur les colonnes, sur la terreur que rien ne calme ?

On s'est précipité hors de la grande chambre, on l'a pris quand même dans un coin de mur, on l'emmène
A travers la chambre, la porte-fenêtre,
Vers le jardin,
Dehors.

On serre les mains autour du pigeon ramier,
L'oiseau des solitudes,
Dont le vent retourne les plumes.
On se fie à la rapidité de son cœur,
A ses os légers et fins, sa chaleur.

On lève les bras et on ouvre les mains,
Petites griffes un instant sur les doigts,
Et les ailes qui s'appuient
D'un seul coup, sur l'air baignant ;

Il est parti
On n'a pas d'ailes,
On n'a rien.
On est un moment vacillant et vide
Sous un ciel de fin de journée.

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