le travail de "l'adressement"

par cat, dimanche 12 avril 2015, 19:45 (il y a 3304 jours) @ cat

de l'adressement :












de l'écriture, depuis des années, j'entends dire que c'est une arme, que la langue est une arme. j'ai longtemps travaillé "des scalpels, des couteaux et des lames", pour et comme symboles, puis jusqu'à transformer ces symboles puis les laisser au profit de "l'acte pénétrant" et de la "théorie de l'impact" (que je n'ai pas encore pris la temps de formuler ni d'écrire — parce que j'en suis à la vérification). il y a dix ou quinze ans, dans et par la symbolique, il me fallait pour x raisons trancher des choses pour retrancher de l'écriture, couper des liens et des liants pour recomposer, débrider, dégager, etc., des zones, des territoires, des affects, des peaux (si on veut...). pendant ce faire ou agir là, dans l'intrinsèque du geste, s'est animé ce que j'appelle "la charge de fond", soit le motif émotif sous-jacent sur lequel s'appuie l'écrire, et son qualibrage particulier. parrallèlement, le [ je ] le [ tu ] et tout pronom et/ou marquage d'identité relié à un être ou à un élément du monde s'étant trouvé dans un état possible de sevrement (distanciation) de ma personne personnelle (lol) j'ai pu ouvrir le sens et les appartenances de [ je ] et de [ tu ] [ il/elle ] etc., pour les nudifier et les rendre au plus simple (mais c'est archi complexe). le but réel est d'arriver au désarmement. d'où, dans mon travail, des approches différentes, du comprendre et de l'entendement, de la reconnaissance, du rendre et du don, de l'abandon et/ou acceptation, etc., (comme une tâche d'arrière plan) tout en laissant fonctionner l'intuition, l'inventivité, l'étonnement, l'enthousiasme, bref, la créativité.

alors, dans mon écriture ou ma recherche dans l'écriture, je tu il elle nous vous ils elles, dégagés, réhabités, se sont trouvés devenir des tintes et des couleurs de différentes profondeurs, ou des densités, des fréquences et des résonances. comment rendre la résonance d'autrui, ou comment faire entrer autrui dans une résonance x, ou en résonance avec lui-même ou avec une autre résonance qui lui soit "lointainement intérieure" et/ou "prochemment extérieure"? (pardon, j'invente des mots, il m'en manque...) il m'est apparu que le seul moyen véritable était le don. écrire le don ; l'idée est de "donné [ tu ] à l'universel" en "donnant [ je ] à l'universel", donner dans le sens de reconnaître [ le fait vivant dans la personne ], dans une magnitude la plus ample possible, dans le but que [ tu ] devienne un receveur possible de l'écrire, et incidemment le receveur de lui-même, égal à chacun dans le monde. le contexte implicite et non-implicite, mariant dit et non-dit dans l'écriture, conjugue les résonances, par frictions et chocs (ou foudre), les couple et les multiplie pour que le [ tu ] du receveur émerge, résonne, vibre, entende ou réponde. alors ce n'est plus l'écriveur qui fait le texte, mais le receveur. le déplacement du [ tu ] textuel vers le [ je ] du lecteur signe le texte et le rend "vivant" ou effectif dans la personne du lecteur.

en sous-jacent à tout cela il y a une idée d'écriture Rorschach ( qui vient de ma recherche picturale sur laquelle je ne m étends pas ici)




euh... c'est peut-être un peu trop serré cette tentative, mais je sens qu'il me faut expliquer ou nommer ces choses pour les raisons que certains de mes machins-textes qui explorent ça se trouvent à mobiliser certains ici (pensant que le texte leur est personnellement adressé), alors que l'écriture poétique vise "at large", je veux dire que, chez moi, elle vise des coordonnées multiples et lointaines.

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