Première parole

par Cerval @, lundi 27 avril 2015, 21:38 (il y a 3295 jours) @ Cerval

- est-ce que vous comprenez qu'il vous aime ?

le contraire de lui prend son temps
c'est à rebours de soi
des feuillets se détachent du cahier verbal
Ô vent
un ruban dénoué
s'ouvrir au milieu
de sa bouche
tous les mots à ses pieds
elle est au milieu d'une phrase renversée

(elle ne comprend plus rien. elle reste immobile à regarder les carreaux où la lumière se reflète, reste muette ; peut-être qu'elle surveille quelque chose, n'emportez pas son corps)

l'une après l'autre elle allume les cigarettes
la bouche longtemps reste coite
je l'ouvre.

un soleil derrière les carreaux immenses prend son temps et vous respire, à s'en ouvrir les yeux. par le circonstancié de l'instant on aurait pu croire à une duperie. mais la raison s'en précisa. les contours montèrent comme on se réveille. est-ce qu'elle est de l'autre côté du miroir ? un miroir est comme un roman ouvert au hasard, laissez-en tourner les pages le vent, il l'écrira mieux qu'à ma place. elle a décidé de se défaire de toutes ses raisons, ces progénitures de son pas en forment le souvenir émouvant. elle est peut-être déjà dans la mémoire. il est des moments lorsqu'on les vit qui se présentent avec le geste de la remémoration, c'est une façon de l'éclairage, cet angle mental à la lumière.

peu à peu les émotions tombent comme des feuilles. il y a quelque chose de très doux à ses pas comme si une partie du sol s'y précipitait. elle vérifie, les branchages sont à leurs places, les ombres à l'étiage d'elles-mêmes, le tissu noble de la matière. ce perpendiculaire du corps et de la rue scande le pouls du jour. elle est à son propre poignet. tout est suffisamment tranquille pour que son silence se remarque. on se retourne en soi, elle ne fait pas attention à eux.

elle prend son temps et une respiration. je m'accorde.

elle dit
"je ne sais pas trop
la vie autrement qu'au hasard"
je la crois sur parole
sa voix a de belles épaules

elle me demande si j'ai du feu
elle allume sa cigarette avec un geste qui lui demande pardon
bonsoir
et remet le v
ent à ses chev
eux
ses gestes possèdent leurs propres corolles
qui est le temps de la répétition mentale
alors très fort, elle ferme les yeux
tous les mots sur un piano

elle sourit et tombe sur ma pensée
comme un soleil descend les collines

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