le cosmoréalisme de martin wable

par zeio @, vendredi 02 octobre 2015, 01:47 (il y a 3343 jours) @ zeio

"Car l'homme qui sent que la pierre dont on parle ou la ville ou le livre lui est potentiellement accessible dans ce monde prend conscience que ce monde est vaste, et qu'il est individu libre dans ce vaste monde"

Pour ma part je vois les choses différemment, je pense que la liberté s'acquiert en premier lieu à l'intérieur, dans le royaume de symboles, d'abstractions, d'émotions et d'imaginations qui font le for intérieur. Dans ce cheminement le réel tient finalement assez peu de place. Après seulement, quand on s'est suffisamment rapproché de cette liberté intérieure (après avoir visité les kamchatkas intérieurs et "coupé les cordes") alors je pense que l'individu peut atteindre une forme de "liberté libre", qu'il soit au fond d'une cellule ou sur une île, ou devant un carnet d'écriture.
Il ne suffit pas de nommer les choses par leur nom "réel" pour qu'une potentielle liberté s'enclenche à sa suite, dans un phénomène d'identification.
D'ailleurs je ne crois pas qu'en poésie un lecteur ("l'homme") cherche à accéder au réel et à la liberté de l'individu (la plupart cherchent hypocritement au contraire la servitude sous toutes ces formes - d'ailleurs, les noms réels dont il est question sont une forme de servitude et de resserrement). Il cherche à accéder à lui-même c'est à dire à une forme de vérité personnelle. Se faisant il n'attend pas qu'on nomme les choses pour lui donner un sentiment de réalité et d'accessibilité, il se moque bien de ces noms réels, ce qu'il attend en poésie c'est une manière de sentir le monde.

La liberté acquise exclusivement pour le "réel" est une liberté confinée, occultée et finalement peu durable. C'est du moins ce que je pense.

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