Étranger (IV)

par zeio, jeudi 28 août 2014, 22:33 (il y a 3743 jours) @ zeio

IV



Ses yeux portés sur la fenêtre qui n’était qu’un rectangle blanc, ne semblaient plus désormais pouvoir se défaire de cette vision d’un paysage blanc à l’infini, comme ils étaient fixés, moi, j’étais fixé aussi dans ses yeux si bien que j’observais, dans ses yeux portés sur la fenêtre qui n’était qu’un rectangle blanc, la vision d’un paysage blanc à l’infini qui semblait pouvoir être observée dans ses yeux, tout aussi bien qu’à travers la fenêtre qui n’était plus qu’un rectangle blanc. Lui, ses yeux, me paraissaient dorénavant blancs, totalement remplis de ce blanc, le même blanc que le paysage blanc à l’infini qu’il était possible d’observer à travers la fenêtre. Happé, pris de stupeur je fis, pour ne pas me laisser emporter par ce blanc infini, un mouvement brusque de la tête vers l’arrière. Lui, remarqua très certainement ce mouvement brusque de ma tête vers l’arrière, il tournait son visage maintenant en ma direction. Il me semblait que c’était la première fois, véritablement la première fois que ses yeux regardaient mon visage, tandis que j’avais eu jusqu’à ce moment précis le sentiment d’être inexistant à ses yeux et que lui paraissait, depuis qu’il était entré dans la maison confortablement chauffée, se trouver ailleurs, toujours dehors peut-être, ailleurs, un endroit que je ne pouvais raisonnablement pas élucider, un endroit où, j’en avais la certitude, je ne me trouvais pas. Je réalisais, à ce moment précis où il avait remarqué ma présence, que je n’étais plus totalement seul dans la maison confortablement chauffée, seul avec lui, seul avec un être qui me paraissait avoir sombré dans la folie ce qui était pire, bien pire, que d’être simplement seul avec moi-même.

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