anima(l)
je suis arrivée par hasard devant la maisonla route faisait une grande courbe
dans ce matin de printemps je l’ai vue au dernier moment.
depuis la route un chemin
droit bordé d’herbe
pas de jardin, seulement l’herbe tout autour,
la terre caillouteuse
et loin derrière la maison une longue barre de roche
ocre, qui se perdait dans l’horizon.
cette maison était pour moi
mais une maison étrangère
flottait dans l’air tout autour une odeur
dont j’avais perdu le souvenir.
arrivant là, j’ai laissé tomber quelque chose, sur le sol tassé
une forme de solitude, une nuit
dont je ne m’étais pas rendu compte
la détestation que j’avais de moi,
qu’on a tous.
en entrant dans la maison
il y avait des traces, partout.
les murs intérieurs
l’embrasure des portes
ce qu’on voit en regardant
à travers les vitres voilées de poussière
du dedans vers le dehors,
ce qui me saisissait à chaque changement de pièce :
l’adieu de ses habitants.
elle restait comme un chien à l’attache
patient la tête sur ses pattes
tourné du côté de ce qui vient.
quand je suis entrée,
l’attente était suspendue.
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