corrigé

par Claire, mardi 06 septembre 2016, 12:05 (il y a 3002 jours) @ Claire

on arrive par hasard devant la maison
la route fait une grande courbe, on la voit au dernier moment.
depuis la route un chemin droit bordé d’herbe
pas de jardin, seulement de l’herbe autour,
la terre caillouteuse
et loin derrière une grande barre de roche ocre, qui se perd dans l’horizon.

c'est un endroit qu'on voudrait pour soi,
c'est une maison étrangère
flotte dans l’air une odeur
dont on a perdu le souvenir.

en arrivant on laisse tomber quelque chose,
une forme pleine de solitude, une nuit vide
dont on ne s'était pas rendu compte,
cette détestation qu'on a tous de soi.
partout on voit des traces.

les murs intérieurs l’embrasure des portes
ce qu’on voit à travers les vitres voilées de poussière
du dedans vers l'extérieur, le paysage
ce qui vous saisit à chaque changement de pièce :
l’adieu des habitants.

elle était comme un chien à l’attache
la tête sur ses pattes
tourné du côté où les gens arrivent.
quand on entre,
l’attente est suspendue.

pièce après pièce la géométrie intérieure, le seuil des portes, les quelques meubles encore adossés aux murs, l'ouverture large des fenêtres, et ce dont on a choisi de couvrir les murs autrefois.
tandis que tu poursuis l'exploration, et la reprends pour tout voir, que tu piétines les miettes de temps tombées sur le sol, tu la sens qui lentement rétrécit, s'approche
tu t'assieds, les murs te touchent, souples et obéissants comme des vêtements. L'histoire de la maison elle aussi contre ta peau et tes propres cicatrices. et bientôt c'est le dehors qui vient s'accoler : le ciel d'un bleu brûlant, l'ocre des pierres, le silence de la campagne vide, et même l'arbre qui verse son ombre brunie sur le toit.
tu es assis sur cette chaise que tu n'as jamais connue et encore moins achetée
pour la première fois invulnérable.

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