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il faut prendre le taureau par les cornes ! battre le fer quand il est chaud ! avancer avec courage et avoir foi dans le fait d'être toujours plus fort qu'on ne le croit, me répétait-il plus souvent que le supportable. oui, d'accord. prendre le problème de front. voir en face. il ajoutait : voir en face, c'est ce que tu dis de la poésie. ce dont elle a besoin pour en arriver au-delà. comme on prévoit le sommet de l'Evrest mais davantage chaque étape. ce sont-là tes images et tes paroles. je disais oui, bien sûr. sauf que nous en étions là, dans cette ascension. dans la dernière tempête mon sherppa avait rebroussé chemin. le compagnon en était encore aux préparatifs de départ. sa radio me crépitait quelque chose qui ressemblait à : je ne suis pas rendu ; je m'attends et je manque à moi-même, tu ne comprends pas ce que je traverse, je t'aime. il insistait. il me restait des rations, et j'avais réussi à réchauffer mes membres trois bivouacs avant le sommet. j'en restais là. le jour, je regardais les angles de l'horizon courbe de la Terre par rapport au Soleil. puis l'asceré des canines de la planète, cet affamement, dents tendues vers l'espace. par nuit claire, je tendais mes doigts gourds vers un voile inatteignable. je ne sais plus ce que j'espérais. un signe de vie. peut-être. une aspiration. une révélation. être emporté ailleurs et ne plus avoir froid. ne plus être si seul surtout. entre attendre et se rejoindre. entre terre et ciel.extrait du carnet des paragraphes flottants.
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