Tout est terrible

par Rémy @, dimanche 30 avril 2017, 09:36 (il y a 2765 jours) @ Rémy

En ce moment en Allemagne ce sont les élections sociales, c'est-à-dire des représentants des citoyens aux caisses de sécurité sociale et de retraite.

J'ai le choix entre un inconnu qui veut donner des primes à ceux qui arrêtent de fumer, qui prennent un abonnement à une salle de sport ou qui vont au cours de nutrition (c'est sûr qu'augmenter le prix du tabac, construire des pistes cyclables ou interdire à Lidl de mettre du sucre dans le pain, ça ferait moins de croissance), et une inconnue qui veut augmenter les allocations femme enceinte et petite-enfance (le problème de l'Allemagne actuellement c'est que la population a besoin de dentiers, de lunettes, de coiffeurs à domicile et de gérontologues) (et de logements, mais ça, plus on est de fous plus on rit, et les bébés c'est tellement mignon).

La personne bien intentionnée que je vais élire va me représenter (enfin, représenter le contraire de ce que je souhaite, mais peu importe, elle sera là pour moi) en face de deux représentants du gouvernement (donc de l'industrie, on est en Allemagne), deux représentants des patrons (les institutions sociales sont paritaires), et un directeur financier. Assis dans la salle se trouveront douze représentants des caisses de sécu privées et quinze représentants des assurances-vies, qui seront chargés de crier "distortion de concurrence !" ou "chômage !" à chaque tentative de faire quelque chose qui prendrait aux riches pour donner aux pauvres.

Quand la télé passe le spot "les élections sociales, c'est important, allez voter" (couleur papier recyclé, très chic, très sexy), elle enchaîne systématiquement sur une interview du directeur financier, où le journaliste dit "ne craignez-vous pas l'abstention ?" et le financier répond "non pas du tout, l'an dernier 30% des assurés ont voté, c'est largement suffisant pour assurer la représentativité légale".

Parfois on voit aussi celui qui a été élu il y a 5 ans. On ne rappelle pas son programme, on ne fait pas le bilan de son action - il n'est pas obligé de nous tenir au courant. Il sourit et il dit "nous avons bien travaillé, je cède la place aux jeunes".

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