catrine, claire, jude...? un avis ?...

par catr @, lundi 20 avril 2015, 14:35 (il y a 3508 jours) @ dh

hello dh,
..la plupart du temps quand je te lis je vois des images en sépias, des vieux films d'époques, muets, quelque chose de parfaitement imbibé de mélancolie, d'une presque trop tranquille mélancolie — heureuse avec elle-même. les images se posent calmes les unes après les autres comme dans ces albums classiques au papier noir. c'est le cas ici.


les lampes rondes et orangées
posées sur les tables d’ivoire jauni
les veines bleues et beiges
parcourent la main et la prairie
je me suis éloigné des bords de l’eau
j’ai vu des visages aimés
perdre peu à peu leur lumière
alors que le sable les recouvrait
sable et temps
partagent la même sécheresse
nous faisons halte dans un petit village
et ne repartons jamais plus
le jour de la fête une mélancolie
s’abat sur les soldats qui doivent défiler
les livres d’histoire brûlent au crépuscule
le bal se termine à minuit



le premier poème dessine les espaces/décors de lumière et de corps, l'atmosphère. on dirait que tout y figure figé, impression de cire et de papier glacé, ou alors au contraire d'une matité sourde. pourtant que le poeme parle de sable, on sent des eaux noires sans reflet, lourdes, prêtes à tout engloutir. // lu à haute voix, le poème (les deux parties) contient trop de répétitions et/ou métaphores filées pour que je puisse l'écouler dans le souffle sans que rien ne bute, mon esprit retire naturellement les mots (adjectifs). aussi, je pense que le poème n'aurait pas tant besoin de couleurs, ivoire pourrait se passer de jauni, par exemple... la seconde partie du premier poème me questionne dans l'assemblage des six derniers vers, peut-être est-ce l'ordre (un peu désordonné), peut-être est-ce un trop de juxtapositions ? ces vers ont chacun leur importance dans le poème, mais ils n'ont pas les mêmes textures, ils sont d'une autre densité, d'une autre matière (je dis ça et sans doute n'est-ce que moi qui y vois une sorte d'hétérogénéité, ou de "pièces rapportées" — ça m'interroge en fait...)

le second poème est un bon poème, bien assis dans l'atmosphère jaunie, on n'entend presque la voix de l'homme, ou, on ressent une présence, définie et indéfinie. quelque chose qui est juste au bord d'être et en même temps, au bord de l'effacement, de la disparition, comme si l'espace autour de l'être devenait de plus en plus fort et prégnant, si bien que l'être, dans la fragilité (sa représentation, dans ce qu'elle figure de la fugacité de l'état d'être) était rendu à la fois poreux et pénétré jusqu'à ce que le décor le décorpore...



le froid s’annonçait dans sa pauvreté
les voitures creusaient des ornières
dans les strates de feuilles mortes
et les anges parlaient à voix basse
la nuit plus présente et plus forte
apportait du sable dans les esprits
je voyais les gens passer
comme des flocons de neige
l’avenir est vide de projet
mes regrets sont plus doux que du velours
l’amour est loin bien loin derrière les collines
mais les grandes villes enfumées
ont aussi la beauté des histoires jaunies
sur les vieilles cartes postales
que la neige a oublié de recouvrir



...et malgré moi j'entends « qu'a la neige oublié de couvrir », qui au lieu d'un reproche (fait à la neige, et au fait qu'elle laisse à nu et à la perception de l'être présent - narrateur) appuierait davantage la mélancolie et laisserait dans une sorte de soupir, celui de la neige autant que de la question sous-entendue, flottante, éparse, tels flocons, images, souvenirs, regrets...






..euh.. voilu

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