quoi dire ?

par Claire @, jeudi 28 août 2014, 11:57 (il y a 3743 jours) @ zeio

Je vois que les échanges avec Christophe t'ont amené à peu près aux mêmes réflexions que moi. Pour moi c'était il y a quelques jours.
Depuis, j'ai un peu décalé mes impressions.

Je crois que cet endroit est inutile et même contre-productif si on s'en satisfait. Un petit poulailler ou poules rousses et grises vont pondre chacune leur oeuf dans un coin et caquettent brièvement, protégées de la solitude inhérente au travail artistique.
C'est différent si chaque poème posté n'est qu'un élément d'un ensemble encore indécis, que chacun ensuite travaille seul, longuement. Je parle de l'ensemble mené par une pensée personnelle qu'on appelle une oeuvre. Oeuvre bonne ou médiocre, la question n'est pas à se poser au début.
Je ne suis pas sûre que cet endroit puisse être un espace de travail des textes, je pense que c'est plus seul qu'on doit le faire. Ou dans des échanges duels, pas sur la "scène". Non, je vois plus l'endroit comme un café littéraire d'autrefois où chacun venait lire la première version de son dernier poème, se chauffer un peu à l'écoute des autres, et le fourrer dans son cartable en écoutant le suivant. Un lieu où la beauté qu'on trouve dans ce qu'écrivent les autres, plus que les défauts qu'on y perçoit, servent de carburant, soutiennent l'enthousiasme toujours fragile dont on a besoin pour écrire.

L'autre façon de l'utiliser serait effectivement de se saisir des productions du voisin comme tremplin pour sa propre écriture, une sorte de jeu de saute-mouton qui assouplit bien, pousse un peu dans ses propres cordes, ses propres fermetures, bouscule la monotonie. C'était mon envie au départ. Il faut avoir envie de jouer, ça ne se décrète pas.

Apres, il y a les questions qu'on ne peut se poser que seul : qu'est-ce que je dis ? comment - concrètement - travailler ce qui vient ? comment ne pas se laisser paralyser et pourtant avoir un regard exigeant sur ce qu'on fait ? et qu'en faire ensuite ?

Quoiqu'il en soit, ce côté mou et cet à-peu-près que dénonce Christophe, je crois que c'est assez juste, même si pour beaucoup ici l'écriture a une place essentielle. Mais je le vois surtout comme un laisser aller à une sorte de vague neurasthénie.


Ce matin, en repensant à tout ça, et en lisant son dernier bouquin, je me disais que j´avais invité quelqu'un du peuple en colère au pays du peuple triste (dont je me revendique aussi).

Fil complet: