Métaphysique de comptoir

par ArthurRitrac, mardi 26 mai 2020, 13:59 (il y a 1641 jours) @ Florian

en ce qui concerne l'intérêt potentiel de ce poème – au hasard :
- réinterprétation de la fameuse question parmédienne/héraclitéenne de l'être, poème dans la ligne des "poèmes de la pensée" d'Élée ou d'Éphèse, en plus drôle je l'espère.
a) dans un genre à cheval entre le théâtre de l'absurde et la prose poétique
b) dans une tonalité comique (liée à la démesure grotesque du soliloque compte-tenu du cadre)

réponse humoristique, rythmée, à la fameuse question, absurde, prêtée à Leibniz : "pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" concluant, par l'absurde, sur une sorte de réfutation tout à la fois de la possibilité du néant et de la vérité du matérialisme, ou dans une révélation de l'éternité idéale de ce qui n'est plus et ne sera plus.

poème parce que rythme, rythme parce que, flux verbal organisé par les retours, retours d'ivresse, mais retours qui poussent la pensée spéculative du pilier de comptoir.

du reste, navré que ce poème n'ait trouvé grâce par lui-même, du moins, à ton endroit.

"L'art ne témoigne de rien, il dit. Et pour dire il a besoin d'une manière de quantifier ce qu'il dit. Et pour cela il doit toucher, sinon il ne dit rien."

oui, l'énoncé commis est très clair dans la mesure où il est très clair que, le commettant, tu ne disrien, à moins d'accorder l'estre à l'enfoncage de portes ouvertes – en l'occurence ici : à un paralogisme.

1) "L'art ne témoigne de rien, il dit"
-> ce n'est ni vrai, ni faux : c'est un non-sens. on peut affirmer de l'art aussi bien qu'il témoigne que l'on peut affirmer de lui qu'il dit ; et l'on peut tout aussi insensiblement dire le contraire de tout cela. car "dire" c'est ce que fait, peut-être, en partie un poème ; mais aussi bien n'importe quoi d'autre : ainsi une "annonce publicitaire", ainsi un prof sermonnant un élève, ainsi n'importe quoi qui use d'une langue naturelle, sans être art. "l'art dit" = aucun sens concret. ta prémisse est insignifiante.

2) "Et pour dire il a besoin d'une manière de quantifier ce qu'il dit."
-> sur la base du non-sens précédent, nouvelle insignifiance : postuler qu'il y a à quantifier ce que "l'art" dit. je réitère "lol. certes" et ? -> et l'art se quantifie aussi à sa valeur marchande. et ?

3) "Et pour cela il doit toucher, sinon il ne dit rien"
-> est-il besoin de souligner le pénultième non-sens ? a) aucune nécessité à voir l'émotion (et quelle émotion ?) comme la seule destination d'un poème ; b) aucun lien de cause à effet entre ce que le poème signifie et ce qu'il suscite.

c'est un non-sens puissance 3, énoncé de très claire façon, il est vrai. pour cette clarté : salutations.

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