Débriefing de campagne

par Rémy @, mardi 23 juin 2015, 22:55 (il y a 3443 jours) @ Claire

Sisi, je vois ce que tu veux dire, ci-dessus je répondais à Emide.


Je suis encore en train d'y réfléchir.


Moi je vois que les patrons des boîtes qui veulent développer un logiciel choisissent d'abord les technologies, bibliothèques et versions, et essaient ensuite de recruter des programmeurs qui maîtrisent pile ça. Comme ils choisissent toujours le dernier cri à la mode, évidemment, ils ne trouvent personne qui sache vraiment s'en servir ; les programmeurs mentent pour se faire embaucher, apprennent sur le tas et produisent des logiciels mal foutus qui emmerdent des millions d'utilisateurs au lieu de les aider. C'est un peu du même acabit que ce que tu racontes : acheter l'outil avant l'ouvrier, c'est un immense mépris pour l'humain, et ça mène à des situations ubuesques.

Dans ma branche je connais les mécanismes qui mènent à ça. D'une part, l'important dans un logiciel n'est pas de le programmer mais de le vendre, donc il faut obligatoirement y mettre des arguments dernier cri, même si on n'en n'a pas besoin. Quand il y a un tas de sable à transporter, celui qui propose une brouette ne la vendra pas ou n'arrivera pas à vivre de ses ventes, alors que celui qui fait rêver le patron à propos des couleurs des rétroviseurs des Porsches vendra une Porsche et en vivra - et tant pis pour le tas de sable, le moment venu, moyennant une rallonge sur le prix et les délais, on mettra deux manches à la Porsche pour pouvoir la pousser. D'autre part, un programmeur qui connaîtrait plusieurs technologies, qui aurait une vue d'ensemble et qui saurait prendre la distance nécessaire ne veut plus être programmeur, mais chef ou mieux. Donc le patron ne peut pas embaucher les ouvriers avant d'acheter les outils : il n'y a pas d'ouvriers qui sachent choisir leurs outils, et il est bien forcé de s'y prendre à l'envers. Ça n'excuse rien, mais je trouve que ça replace le phénomène de mépris de l'humain dans des trucs tout simples comme la quête du profit et la rareté et la cherté de la sagesse. Il n'est pas réaliste d'espérer mieux, il faut faire avec et/ou en profiter.

Dans les cas que tu racontes, il y a une part de paresse qui pourrait mener à des trucs intelligents mais qui loupe et qui aboutit à des âneries : réutiliser un formulaire, ça peut être une bonne idée si on s'y prend bien, par exemple parce que ça permet d'extraire des comparables et de les comparer - mais dans ce que tu as vu, visiblement, "on" s'y prend mal et ça loupe. Je me demande si les conditions pour qu'"on" (qui ?) s'y prenne bien sont réalisables, ou bien si, comme dans mon métier, des mécanismes sont en jeu qui font que ça ne peut pas bien se passer ?


(C'est juste un élément de réflexion, je suis encore en train de réfléchir à ce que tu as dit, notamment au faire semblant.)

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