Lettre de protestation

par Roger Walser, lundi 20 juin 2016, 23:21 (il y a 2867 jours) @ Vagabond vagabondant

Monsieur,



Vous ne respirez rien de bon qu'un petit legs de pureté utilisé à bon escient et pour tout dire, vous fleurez l'ambiance rive gauche où l'on papote autour d'un café. Jamais je ne croirais que vous ayez pu vagabonder au-delà du possible, il me semble que votre legs de pureté est une préciosité comme on en rencontre dans quelques niches de la banlieue ouest, où je n'aime plus du tout vagabonder.
Je ne vous fais pas confiance non, je ne vous estime pas comme quelqu'un qui accueille la pureté comme il le faut. D'ailleurs, cette pureté n'a rien de tout à fait pure. Les puritains garants de cette pureté sont mes pires ennemis. Je les méprise avec toute la pensée ordurière qu'il est possible de concéder à l'ordure, sachant que l'ordure n'est rien qu'une déjection de la pureté. Et puis d'abord qui êtes vous ? Nous n'avons aucune preuve de votre vagabondage, seulement quelques reliques qui pourraient tout aussi bien figurer au palmarès d'un agent boursier. Votre pureté voilà ce qu'elle est : un mirage construit de tous bords par une pensée arrogante et maline. Vous avez confectionné avec soin la réponse à l'ordure, et vous voilà dans une pureté tellement blanche qu'elle ne signifie rien.
Je veux bien croire que vous aimiez à vous confondre avec quelques odeurs fossilisées ou flottantes de nos provinces, avec quelques vagues chargées de souvenirs et d’amnésies que l'on peut éprouver à un instant donné, sachant bien que cet instant donné ne se donne pas, et ne s'obtient pas autrement qu'en vagabondant. Seulement il me semble que vous êtes bien trop sédentaire et ancrée dans votre charmant ancrage pour posséder la fine fleur du vagabondage et le sens du tragique. Je vous crois sur parole que vous ayez tout cela en tête et même collé à vos narines, mais votre rejet de tout attribut rustique et vulgaire (votre puritanisme !) dément toute possibilité d'atteindre le dernier stade et la dernière goutte de sueur du vagabondage, et d'entrer en fusion avec ce sens du tragique qui n'est pas une posture ou une pensée, mais un pur état de fait !


Je vous vois comme un Cocteau dansant autour d’une table, écrivant ses amnésies sur une serviette.

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