Une idée du malaise à vivre en Occident - La Peste

par (kelig), lundi 27 avril 2015, 17:13 (il y a 3296 jours) @ (kelig)

Une idée du malaise à vivre en Occident

Avant je n'y croyais pas tellement à ce terme, Occident. Mais il est entré dans l'usage commun, et l'OTAN tente à toutes forces, déployées, d'étendre son Empire – pour sauvegarder ses intérêt et les masques tombent, alors je ne vois plus d'inconvénient à l'employer.
Il y au moins deux choses qui tiraillent, à vivre ici. Je parle de façon générale mais admettons, si vous préférez, que je ne parle que pour moi, au nom de ma personne. Car, il est admis et de bon alois de s'exprimer ainsi, mais même, on se voit alors en face brandi la pancarte d'interdiction de se sentir solidaire – des habitants des pays du Sud notamment – étant donné que, naturellement, c'est à soi-même qu'on souhaiterait chaque fois échapper ce faisant...
Ainsi en est-t-il d'une « vérité » devenue inébranlable, érigée en sermon, en feu rouge. Si elle n'est pas foncièrement fausse, non plus, elle n'est pas entièrement vraie. C'est-à-dire qu'elle peut être s'avérer vraie, comme s'avérer fausse. Parfois elle s'avère exacte. Combien d'humanitaires, engagés dans de grandes ONG, par naïveté, à l'inverse d'aider, contribuent à maintenir le joug voire à soutenir – de façon active – les guerres ? De même, en pire, combien « s'engagent » par effets de mode, pour parvenir aussi, pour se faire mousser et se faire valoir ? Se font faux rebelles de mouvements, de partis, d'associations, pour mieux jouer des coudes. Ils se retrouvent d'ailleurs souvent propulsés à la tête des grandes associations, Partis, allez comprendre pourquoi...
Par contre, qu'il soit devenu interdit de se sentir activement solidaires – des habitants des pays du Sud notamment – ou à tout le moins systématiquement suspecté, obligé de se confondre en explications qui n'en finissent pas, car jamais elles ne seront bien acceptées, est en soi révélateur.

Révélateur d'une pensée socialement commune, qui fait socle et traverse toutes les couches sociales de la société.
Comment cela se peut-il ? A priori cela est invraissemblable.
A la rigueur, que ceux qui sont bien lotis s'entendent, on peut le comprendre. Mais ceux qui souffrent de pauvreté - il y en existe, de plus en plus, de souffrance au travail dues aux méthodes de néo-management, de cadences accélérées dans les usines, bref, que la plupart se désolidarisent les uns des autres et arrivent à penser comme ceux qui se trouvent "en haut", comment cela peut s'expliquer.
Il n'en a pas toujours été de même, nous le savons.
Il est un élément qui parcourt les dernières époques, c'est la crise.
La crise est devenue perpétuelle, on la subit à perpétuité.
On nait au milieu d'une crise, en 1973 par exemple, dix ans après elle s'est amplifiée, vingt plus tard elle s'est accélérée, trente-ans elle est aigüe, quarante et quelques, elle est plus que jamais vivace et s'est épanouie telle une fleur immortelle.
"Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça." Disait Coluche.
Non ce n'est pas nouveau, c'est même devenu une habitude.

Il s'est quand même passé de drôles de choses au Siècle dernier - pour ne pas remonter trop loin. Une drôle de guerre, notamment, qui en a préparé une seconde - encore plus tragique. Sans la première, pas de seconde, même pas d'Hitler. Sans la crise au milieu, pas seconde non plus, et pas d'Hitler - lisez sa biographie sur wikipédia si vous voulez.
En France, et ailleurs dans les pays d'Occident, il y a eu, à la suite, ce qu'on peut appeler de réels progrès sociaux. Des compromis, en fait. Telle une adaptation. C'est que, tout de même, le Nazisme était censé avoir été vaincu... Il me semble que cela a fait long feu.
Mais ce qui est certain, c'est que la propagande d'alors, est devenue à la fois plus subtile et caricaturale. On apprend pourtant dès le collège à décoder une information de propagande, qu'elle soit par image(s) ou textuelle. On apprend pourtant - dès le collège, qu'un pays en guerre transforme l'information en propagande. Beaucoup de Nations d'Occident n'ont jamais cessé de faire la guerre, de piller et de maintenir leur joug sur les pays du Sud, essentiellement. Et toutes, pour ainsi dire, font partie de l'OTAN. Alors, comment se fait-il que l'on puisse quelque part dire que "nous" en sommes - tout au moins en partie - "victimes" ? C'est là que ça se complique. Le réseau est très bien étendu, et couvre l'ensemble des territoires. C'est surtout que la société est faite de telle façon, que ce que l'on croit, avec facilité, être un choix - se passer des médias, les dénoncer, s'avère en réalité une véritable sinécure. Qui peut prétendre se couper de ses relations et vivre à part la société ? Personne, il me semble que c'est impossible. Or, vivre avec les autres, cela signifie accepter aussi le compromis d'être perméable à ces informations. Voici pourquoi un malaise.

La seconde chose qui tiraille, justement, est liée à ce constat. Vous êtes pris dans cette vie et ce qui va avec ne pouvez y échapper, même si vous vous efforcez de faire du mieux. Migrer ? C'est une idée, un possible. Est-ce préférable ? Pas sûr. C'est peut-être une issue, c'est peut-être une fuite. Quoi qu'il en soit, rien n'est simple, et finalement vous restez. Alors vous êtes obligé de composer avec les donnes. Il y a vos idées, vos façons de voir, et puis il y a votre vie à vivre. Votre vie avec les autres. Vous n'êtes pas sans attache, pas seul au monde. Un exemple, il peut arriver qu'à une période vous viviez une histoire amoureuse, et que des difficultés matérielles, un burn-out, que sais-je encore, d'autres choses, quelque part la mine et finisse par en avoir raison de dure façon - ô ce n'est pas évidemment la seule cause, alors comme celles-ci sont à ignorer restent les autres, socialement admises.
Oui, pour une part vous êtes fragile. Vous avez des "problèmes psy", même.
Quelle est la part de de ces problèmes due à ce que je viens d'énoncer ? Sûrement pas la totalité, mais une partie non négligeable, cela est clair, je me permets de le penser et de le dire (et je m'en excuse.)

Alors la poésie, au milieu de tout ça ?
C'est une voix possible, voire nécessaire, voire vitale.
Mais ce n'est pas la seule chose à faire, pas même sans doute la priorité, me semble-t-il, à titre personnel.

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