catrine et les divorces, en vérité

par catr, lundi 09 novembre 2015, 15:34 (il y a 3304 jours) @ catr

les gens... les gens aiment à se faire des idées sur autrui, c'est commode, de cette manière ces gens ne rencontrent que ce qu'ils sont prêts à rencontrer, soit, leurs propres idées — tout en ne rencontrant jamais l'autre. ce que je nomme ici est une réalité dans laquelle je dois écarter sans cesse la lourde pluie des idées toutes faites à mon sujet ou à propos de ma personne. c'est épuisant. réellement épuisant. les idées toutes faites ne parlent jamais que de la personne qui les émet, et donc ta remarque plus haut parle de ta perception de catrine et le.s forum.s, mais toi et moi, c'est deux mondes, tu n'as pas idée.

en vérité mon esprit à 150 ans, 100 ans de plus que moi, et cela depuis l'enfance, depuis l'expérience du suicide de celle qui était ma mère ; je te parle de cette lutte intérieure pour contrer la mort, y résister, je parle de l'usure que cette lutte occurre. je parle de la gravité grave, celle des enfants qui connaissent la mort. je parle aussi de cette vieillesse qui s'empare des enfants dont un parent est atteint "de folie", ou grugé par la peur d'être fou à leur tour. enfant-mère, fatiguée avant l'âge des fatigues je parle également d'une fausse jeunesse, où isolée, isolée par trop de choses vécues, les seules amitiés véritables étaient les livres : quand on lit Stendall à 12 ans, Durrell à 13, 14 ans et à 15 ans tout Zola et j'en passe (c'étaient les livres de ma mère, des caisses pleines), quand on lit beaucoup dans un monde qui ne lit pas, on regarde ce monde avec des yeux d'une solitude extrême. même des adultes cultivés n'y entendent pas. à cela, et peut-être est-ce paradoxal, en vérité mon coeur est celui de l'enfance, jamais atteint ni rejoint, jamais, et s'il s'approche il ne laisse personne approcher trop près, parce que l'amour pur qu'il a connu, désintéressé, somptueusement libre, est mort en même temps que cette seule femme, la suicidée qui m'aimait.

alors ... aimer, aimer en silence, aimer de manière désintéressée, pour l'autre et vers lui, aimer de cet amour rare, je te le dis ici, c'est la seule chose que je sache faire, avec tout ce que cela exige de ma personne, avec justesse, avec droiture, parfois avec dureté mais toujours de manière entière, cela tient pour moi d'une forme de courage et de quelques déterminations vaillantes. même en tombant ; et parmi mille hésitations, circonspections, parce que le monde ne connaît pas cette forme d'amour là et qu'il le détourne. le détournement d'amour est ce qu'on appelle la haine, et avec elle marche toujours le mépris. le mépris vient de... se méprendre soi-même au sujet d'un amour (révélé ou non). c'est d'abord vis-à-vis de soi-même, comme se trahir, de haute trahison, gravement. et c'est si douloureux qu'on rejète sur autrui, on lance à la figure des gens, on en fait des petits couteaux vicieux, on frappe dans le dos et partout où on sait que ça fera mal, on sait exactement où parce que ce mal on se l'est fait. et ça, on ne le supporte pas. la haine est cet inavouable, et une fois ce monstre nourrit, rien ne le calme.

je connais le mépris, on m'en a beaucoup lancé... je connais la haine, celle d'autrui à mon sujet, ce monstre là me mange un peu plus tous les jours. mais je me concentre sur ce qu'il me reste de vivant, ce tout petit coeur qui bat vite et trop fort ; regarde, il est dans ma main.

Fil complet: