poèmes Ludo

par (kelig), dimanche 22 mars 2015, 10:12 (il y a 3537 jours) @ (kelig)

Accords Néons

Je cours à reculons devant ce bus noir
Un accordéon souffle l'air d'une mélodie gitane
Ce con de chauffeur m'appelle de phares
Le soleil achève sa vie d'astre sacré au-dessus du Pérou
Ca ne l'est pas, le Pérou
C'est une aube d'artifices tristes.
Ici.

Ici la meute des fumées grouille le corps des rues
Un chien très beau, racé, arrose un réverbère.
Ses crocs blancs sous ses babines m'aveuglent

Court-circuit.
Guitares métalliques, jours de pots cataclyques
Loupiotes de néons fatigués par le jour sur mes cernes

Je suis un poisson fluorescent prisonnier d'un filet en tungstène
Mise à prix : un centime la livre
Plongé dans les quartiers de la ville bouchère

Je marche nulle part le moon-walker
En chuchotant les pas de ma ballade

Bifurcation rue des Abesses
N'y vois qu'une ombre bossue sur le trottoir
Je sens la pluie s'inventer de mes paupières à mes cils
Sur mon cauchemar d'arc-en-ciel


Une femme me demande l'heure
Je lui verse un sourire ruisselant au fond des yeux
Ma montre n'a pas d'aiguilles, madame !


J'emmerde Rimbaud, je crois.

La chaleur d'un gouffre de métro
Je suis un homme qui a besoin d'être réchauffé
Je descends donc vers la station Pigalle




Je viens quand je pars
petite poésie sans nom


j’ai quitté un foyer sans chauffage ni rien
de ce genre

quatre empreintes félines
sur le capot d’une gazinière
- la bouteille Elf vide -

c’était chez moi hier dans le bordel
et ma tête H.L.M.

J’ai laissé loin de là
pas chez moi
s’éteindre la race d’une cheminée
pleine de cendres d’un rouge vif

pas chez moi car
beauté calme
sage et adulte
à 1000 bornes de ces jeux tabassés
me donnent de la bile
- je poursuis les lettres du gosse, « Man », enfin, il semble -


qui accepte ainsi ce rien
ce mal, ce corps dont l’eau
ne suffirait pas à étouffer l’âtre à côté ?

où suis-je ?

devant l’écran d’un PC
comme partout à 02:43
quand nuit m’aime.



FIRST STEPPE
(ou l’hymne à l’escabeau)


Je coince ma casquette pour qu’elle ride mon front, le regard assombri
alors je plisse mes yeux, je les gèle, bientôt ils vont vomir à la
Sujet Angot, à la fissure inepte, pleine de luxe.
Il y a des aubes bateaux où le marin se pisse dessus, n’imaginant plus
un Mississipi, un Missouri qui vaillent.
Et chantent les bouteilles de Paname sur un tas d’homme assoupi. Quand
le réveil rampe la sonnerie crie « escabeau ! ». Viendraient les
échelles à simple corde, puis celles insensées des pompiers.
Le firmament ? Debout, mieux que rien.
Se redresser.
Je consulte les Bibles, et les exècre, demande de l’exégèse furax à mort !
Sur un des capitaux. Mon grand capital, ha que je suis capital,
corrompu d’affaires inchiffrables : Qu’on m’enlève l’orgueil.
Je prendrais mon pas vrai, craché juré, celui rapide et lent qui me
relie, me relie au seul pêché qui ripe.
Ici un trottoir, une voie pour marcheurs. Je trébuche sur la
bordure, qu’on m’enlève encore l’orgueil.
Je lance ma casquette au caniveau. Nickel le SOS. Plus propre que mon
esprit d’auge, de romarin.
Je fréquente ceux qui révèlent qui je suis.
Je suis seul. Vous êtes seul, hé vous ! Vous êtes seule ? Restons-le.
Par pitié.
La bordure et mon orgueil. Je suis la bordure.
Ramper c’est déjà ça. Déjà.
Mes rêves sont d’escabeaux. First step.

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