Interlude

par Cerval @, lundi 27 avril 2015, 21:35 (il y a 3500 jours) @ Cerval

Au commencement du Tout, je n'avais rien de tout cela ; seul un livre abandonné à l'angle de sa tranche ; les nuits s'y ouvraient par le hasard d'une brise, je n'ai jamais pu lire que les romans écrits comme aux dés, j'ai donc voulu composer ainsi celui qui pensais-je me prendrait pour sujet. je ne m'étais pas assez écarté. j'avais encore les doigts trop tachés du bleu des miroirs, le reflet n'était pas suffisamment diffracté à ma prunelle, pour qu'il s'y recompose une forme qu'il peut ranger sur le bout de sa langue. au petit jour toutes les formes de l'étendue sont des fruits. j'avais le corps comme un pain rompu ; le reste dispersé à la nuit. tout a changé si vite. nous sommes si prompts à offrir des habits à nos pensées. cela m'a valu bien des peines, mais l'on est jamais vraiment satisfait de ce que l'on a, pas vrai ? pourtant la nuit n'aura de cesse de me prendre pour un imbécile. toutes les lumières s'y rangent avec la concision d'au veston un mouchoir. vrai, je puis dormir sous ce taffetas rassurant.

Je n'ai jamais pensé comme ça dieu merci

J'ai un iphone, un ipad, un kindle, des lunettes, un métier. Un salaire.
Je suis économiquement intégré dans la société française.

"la société, c'est la fin de l'imagination". je dois cette parole à une connaissance sans imagination : la mienne.

J'ai :

1) un numéro de sécurité sociale
2) une mutuelle
3) une carte d'identité
4) un iphone
5) un ipad
6) un macbook.

Les MacBooks ne font pas les bons écrivains, mais font les bons MacBooks. Je dois à Segalen cette sagesse orientale. Je dois à mon père la Connaissance de l'Est.

Mes belles connaissances, je les ai perdues. Je ne me connais que par ouïe-dire.

La nuit m'est un plafond trop peint.

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