petite suite en forme de rivage

par catr, jeudi 07 janvier 2016, 17:04 (il y a 3245 jours) @ catr

[nuit mer]

- petite suite en forme de rivage














lisière
— inclarté de

t'observe
t'attend

si tu te tenais debout dans le chemin - courant, fleuve

te verrais-tu — arriver













et rive


ce n'est rien, rien de ce que tu connaissais déjà
et tout de ce que tu auras longtemps empêché
(tu tournais avec tant d'ardeur dans se contraindre
et l'abstention) sursoir n'arrête ni ne coupe
cette eau du monde ni sa puissance






autrefois tu jetais ton corps

à qui et à quelles mains - voeux, paroles et promesses
comme à rebours
(se contraindre)
ne plus être que

ombre passante et fugitivement ta présence clignotait
spasmes flous dans la contraction du jour
où tu jetais ton corps

rejetant toutes les mains











après la mer
après sa transfusion lente
une incomparable nuit s'approche
ce n'est pas la mort
mais
la nuit qui te révèle
sur sa bouche un avant-goût
ta nature














marcher vers la nuit (mer)

ta main tendue
frôle — quelle pierre, margelle — la douceur de ses lèvres
ta propre soif l’appelle, lui parle :
« me boiras-tu, bois-moi
que je me rende enfin à ma nature »


eau — ondoiements clairs
cette transparence est ton rivage











les éléments et les simples,
ta nuit est une décoction où
tes os macèrent

ainsi l'argile
reprend
la forme qu'est la tienne



car tu es
cette plage où dormir
cette forêt où rêver
mais cette terre et
cette seule terre

















[je n'ai pas encore dormi ton rêve]




toi — bouche collée au sein de la nuit
vois comme elle te tète et réinvente —
toi, invente la mer
ses orgues,
l'atoll oblong et ses éponges.

sois cet arbre
dont les pieds baignent
dans le coeur du monde
cet arbre dont la cime tutoie des ciels













tu es un fleuve et sa rive,
trempé tu es
le rêve debout
la rencontre advenue



tu te souviendras de ton nom,
debout parmi
tous les noms — dits, reçus,
lancés,
ceux qui n'étaient pas le tien

devant toi tu sauras enfin
que tout ce que tu es
est cette terre
cette seule terre













(toi — rivage)




os et eaux
tu incarnes
telle la falaise
— sur elle tes plantées (arbres de tes arbres, corps et aspects)
d'où s'élancent
impensés tes songes futurs
leurs devancements, élongations —
une vue sur la mer











tu te souviens du feu
à rallumer des nuits entières
sur les murs
des tempêtes
les essuyées gravent
ton être



quel cauchemar cuisait l'écume
—ses hordes conduites pour quel assaut —
et tes chairs





















ta main — de cent symboles blancs
à même l'interne de ton ventre — traçait
la prophétie de la nuit liquide
d'où ton nom s'éveille
















tandis que tu marches et rêves
il vient
il vient à ta rencontre
comme vers son jumeau
et comme vers son corps retrouvé
il se prononce


l'entends-tu

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