les trois remarques et la suite.

par Ramm77, jeudi 24 juillet 2014, 16:57 (il y a 3557 jours) @ zeio

Je m'infiltre dans la conversation sur ce thème de "l'histoire". Moi aussi l'intrigue m'importe peu, serait-elle anecdotique. En effet chez les bons auteurs l'histoire est indissociable du reste. C'est quoi le reste ? Justement tout ce qui reste indéterminé ; atmosphère, flux de pensées, aura... Aussi en d'autres termes ; une pulsion, une vitalité, une obsession pour pousser les limites culturelles, sociales, éthiques, métaphysique... Quelque part dans le creuset de l'histoire gît le suicidaire, l'absurde (au sens de Camus). Ecrire c'est se tuer. D'autres disent que c'est pour vivre deux fois, c'est pareil. Mais infuser ce désespoir est une possibilité de survie. Toutefois pour relativiser mes propos je reconnais que dans un livre (histoire ou pas) on ne lit toujours que soi-même ; nos questions, nos troubles, nos incapacités... Kafka sans histoire n'est plus Kafka, mais ces histoires sont en trompe-l'oeil. Qui dit histoire dit action. L'action c'est ce qui est propre à chacun. Sans acte pas de pensée ou d'être. Même ne rien faire est une action, moins visible que les autres. L'écrivain n'est-il pas celui qui sait transmettre le sens dans nos actions les plus ordinaires, aveugles, idiotes, aliénées. Le sens ? Attention au culte apporté (surtout en ce moment) à ce mot. Le sens est encore une alchimie de notre culture avec la proposition de l'instant. Comment échapper à cela ? S'échapper, justement, est une raison d'écrire et de lire. Pas s'évader, ni rêver, ni fuir ; mais s'échapper de ce qui nous détermine, hélas. Est-ce cela qu'on veut dire en prétendant "se mettre à la place de l'autre" ? - Je est un autre - Facile. Rimbaud a cessé d'écrire dans le désert africain. C'est une réponse.
Sinon je trouve passionnant tout ce fil actuel, pour lequel le temps me manque pour y participer davantage...

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