Le flou glauque de l'apolitisme

par zeio, samedi 30 avril 2016, 00:57 (il y a 2925 jours) @ Kelig

On justifie son existence sur ce cailloux volcanique, filant à la vitesse de 30000 kilomètres secondes autour d'un astre en état de fusion nucléaire permanent, au sein d'un univers démesuré et noir, dont on commence à deviner plus ou moins qu'ils sont en fait une infinité d'univers, comme on le peut. Certains luttent pour les droits, contre le secret des affaires, contre la loi du travail, je ne les blâme en rien, au contraire. Ils ont fait et font encore que je mène une vie agréable et libre. Sans eux, je serais peut-être féodé à je ne sais quel énergumène, rayonnant de son droit divin, interdit d'écriture. Je suis un nanti confortable, né dans un pays riche, enfant d'une famille issue de la classe moyenne, un chanceux, passablement embarassé mais conscient de l'être. Mais qu'on ne réclame pas de moi que je dérange politiquement, quand je ne suis pas même certain que la réalité existe et que je ne suis pas moi-même le rêve d'un autre, un rêve qui lui-même prend naissance au sein d'un autre rêve, fomenté par on ne sait quelle abstraction embrassant tous les univers. La littérature, n'est-elle pas d'abord une distance gagnée sur les choses, prise sur soi, une remise en question infiniment plus dérangeante que la moins conformiste et la plus rebelle des opinions politiques. Sans les auteurs, les rêveurs et les fous apolitiques, le monde n'en finirait pas de se replier sur lui, comme un bernard l'ermite, persuadué que l'univers en entier consiste en sa conque minérale. Tu fais erreur Kelig, tu fais erreur, profondément, si tu penses qu'il n'existe qu'une voie pour déranger les ordres et les principes.

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