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par Rémy @, samedi 30 avril 2016, 23:26 (il y a 2924 jours) @ Claire

(Non, pas les télés en France... Je n'ai jamais regardé la télé en France. Les télés publiques régionales allemandes visibles à Berlin, d'une part, et les grands quotidiens français d'autre part. Libé, depuis que ç'a été racheté par Drahi on n'a plus de raison d'avoir des doutes ni de se sentir coupable de subodorer l'évidence : c'est la gazette d'une communauté, à prendre ou à laisser. Ça ne disqualifie pas tout le contenu, simplement, quand on lit, il faut garder en tête que c'est Drahi qui vous cause. Au Monde, ça concernait la rubrique "littérature" du temps qu'elle était gouvernée par, comment s'appelait-il ? Schneidermann ? Un obsédé de la Shoah. Ça fait belle lurette que je ne lis plus cette rubrique, ça a pu changer depuis ; le reste du journal n'est pas ou plus concerné, pour autant que je m'en rende compte.)


Ah ça, je savais bien que ç'allait faire des vagues. Après, dire que j'ai écrit pour faire des vagues, c'est exagéré. Enfin, oui et non. D'un côté j'ai besoin de décrire ce que je vois pour y réfléchir ; d'un autre côté j'écris aussi pour tester ce qu'il est permis d'écrire ; et l'un dans l'autre je réfléchis pour savoir à quoi il est permis de réfléchir.

On va formuler ça comme ça : je me suis petit à petit rendu compte que j'étais posé depuis mon enfance au milieu d'une guerre de religions (? de civilisations ?) qui me sont étrangères. Une des raisons pour lesquelles j'ai émigré, c'est la montée du Pen dans les années 90, et le fait que les gays étaient régulièrement agressés par des arabes à Paris. J'ai trouvé un endroit paisible en Allemagne, mais la paix m'a fait mieux voir la guerre. Ensuite ç'a commencé par cette puce à l'oreille : pourquoi diable le conflit plurimillénaire de Palestine prend-il une place aussi démesurée dans les informations qui nous parviennent, alors que d'autres guerres cent fois plus grosses et plus sanglantes passent comme un éclair à la poste ? De là, il suffit de regarder en face les tabous et totems pour se convaincre qu'ils ne sont pas là par décision collective en hommage au passé, mais comme résultat de luttes d'influence, notamment dans tout ce qui concerne le pouvoir d'information. Étant au milieu d'une guerre, je réclame le droit de me bâtir une représentation des forces en présence. Les Arabes, on voit assez clairement qui que quoi et comment ça marche. Les secrets à leur propos sont tous de polichinelle - dans les années 80 on se serait fait rabrouer si on avait dit que tous les délinquants sont arabes, mais de nos jours c'est une vérité banale qu'on évite seulement de répéter trop fort. Ou bien disons que c'était ma fixette précédente et que j'ai fait le tour de la question. Je vois bien que les Arabes n'ont aucun pouvoir sur ma vie à part me filer un gnon si je les regarde de travers - je ne les regarde pas de travers et c'est réglé. L'autre camp, les juifs, c'est beaucoup plus compliqué et plein de coins d'ombre protégés par des tabous. Et puis à Berlin je suis tombé en plein milieu d'une de leurs lignes de conquête, on y est confronté sans arrêt à l'histoire, passée et en train de s'écrire. J'ai effectivement du mal à résister à cet envahissement de mon temps de cerveau disponible, on pourrait appeler ça "fixette" si ça n'était pas entretenu de l'extérieur.


En tout cas à propos des télés j'ai bien fait de vous rembêter avec ça, écrire le paragraphe que j'ai demandé à Zeio d'ôter a fait avancer ma réflexion dans une direction de paix.

À propos du pouvoir de la finance, on n'a pas besoin de mettre le mot juif là-dedans, les excès du capitalisme sont indépendants de la religion.

Pour le reste, il faudra de la patience.



Le couple communautarisme/désignation est effectivement infernal et vieux comme le monde, mais ce n'est pas en noyant le poisson et en accusant tout le monde à la cantonnade des abus d'un groupe de population qu'on fait cesser ces abus ni qu'on les rend acceptables. C'était la ligne de conduite "Touche pas à mon pote" dans les années 80, on se rend compte maintenant que ç'a loupé, et qu'il faut appeler un chat un chat. Depuis les viols de la St-Sylvestre, on arrive enfin à pouvoir parler du machisme et de la violence arabes ; il ne faut pas attendre dix ans de plus pour prendre le droit de dénoncer et de stopper l'accaparement mémoriel-culturel-artistique-médiatique juif. Non au cent-millième film sur les camps, non à la cent-millième expo sur la déportation, non au cent-millième monument à la Résistance, non au cent-millième documentaire sur les années 33-45. J'en ai marre de ce matraquage. Ce n'est pas moi qui dois sortir de cette fixette, c'est la société entière.

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