K. dort un sommeil de plomb (absurdité)

par zeio @, mardi 12 janvier 2016, 01:22 (il y a 3241 jours) @ zeio

De nombreux portraits constellent les murs de la maison, les couvertures des livres, les photos encadrées qu’on a soigneusement disposé sur la commode. K., en digne étranger, reflue d’un portrait vers un autre portrait, sans qu’il lui soit permis de se fixer sur aucun d’entre eux ; tous ces regards le suivent, comme autant d’injonctions qui se transforment, aussitôt qu’il s’en rapproche, en revolvers fixés sur sa tempe. D’ordinaire il n’est pas possible, pour K., de se départir de ces visages autoritaires, qui l’exhortent puis le repoussent. Pourtant, sitôt que la lumière du jour décline, les portraits semblent se dissoudre avec elle. C’est comme si, en un instant, toutes les paupières du monde se refermaient. Alors il se retrouve seul, abandonné à lui-même, mais libre enfin de parcourir sa cellule en tous sens. Libre de démasquer les murs et frontières que nul n’a vu.

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