Point de départ, point d'arrivée

par (k...), samedi 11 avril 2015, 13:23 (il y a 3517 jours) @ zeio

Je suis en train de terminer La peste de Albert Camus.
J'aime beaucoup ce livre, ce qui s'y trame, la complexité de l'histoire et des personnages. Je le lis au regard actuel, et Oran du roman me fait beaucoup penser à Marseille, par la force d'inertie qui imprègne - c'est quelque chose d'important l'inertie : tout bouge et pourtant au fond reste comme immuable. C'est fin, lourd, grave, pesé, triste et profond. Le plaisir, le désir, l'amitié, l'amour, la sympathie n'y sont pas absents, mais en contraste avec la situation qui empêche de vivre. Je ne sais quel plaisir Camus a pu éprouver à écrire ce livre... Pour moi il y a essentiellement de la gravité. Je ne dis qu'il n'y a pas de plaisir d'écriture - ce n'est pas ce que j'ai écrit au-dessus, je dis que la gravité supplante le plaisir. Et j'ai fait - aussi - la distinction entre plaisir et enthousiasme. Ce que j'aime aussi, c'est que Camus en fin de compte doutait profondément de ce livre. J'aime qu'il ait été livré avec ce doute de l'écrivain, cela me le rend encore plus attachant. Camus, artiste, philosophe, visionnaire, médium ? Un peu tout ça peut-être - non pas qu'il ait raison sur tout, il reste humain.

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