K. dort un sommeil de plomb (absurdité)

par zeio, dimanche 27 septembre 2015, 21:11 (il y a 3137 jours) @ zeio

K., mutique, se mute en choucas, se poste sur sa table de travail. La fenêtre est la table de travail du choucas. Le lieu de passage est son terrier. K. creuse un éloignement, porté par la persévérance d’une obstination sans objet. Le choucas rêve de disparaître dans un espace entre deux mondes. Obnubilation de la brume, rotation autour d’un axe central ignoré, imminence d’une fuite provoquée par un bruit que nul n’entend. Il roule en pelotes ses fiançailles et ses papiers. Les cheveux d’Alice y sont restés. L’odeur de la peau d’Alice est demeurée dans ses mains, malgré le temps, malgré l'écriture, surtout. Il y retourne souvent. Il est temps de lui écrire, de loin pour être lui. Soit seul dans un espace éloigné des bruits et des nuées d'oiseaux, il se remémore, la foule et le couple, s’en éloigne, y retourne avec de nouveaux habits, prononce son nom seul dans le noir. Loin d'elle le choucas à la fenêtre en exergue lui écrit une lettre, comme une évocation. Il veut conjurer l'absence dans un éloignement. Disparaître entre les pierres avant de s'asseoir sur un banc, à ses côtés, dans un jardin, face à l'océan, la tête sur son sein presque nu, lui-même enfin, sur le point d'être heureux, jamais. Le choucas tient à ses impuretés. Hors littérature, la joie est altérable. Il faut tout brûler.

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