K. dort un sommeil de plomb (absurdité)

par zeio @, jeudi 17 décembre 2015, 14:43 (il y a 3056 jours) @ zeio

De sa fenêtre il aperçoit Alice, assise à califourchon sur la coque métallique du lampadaire, près de la source de lumière comme à son habitude. De là-haut elle a une vue sur la chambre de K. qui chemine dans ses pérégrinations, elle peut lui sourire. De l’extérieur puisqu’il lui interdit l’entrée du foyer. Exclue d’une demeure qu’il n’est pas sûr lui-même d’habiter. À quelques pas du lampadaire se trouve un banc ouvragé, sur lequel Alice est assise, les jambes étendues devant elle. Il remarque la forme blanche qu’elle tient dans ses mains, sans savoir s’il s’agit d’un livre, d’un coffret mystérieux, ou d’une autre chose. Elle regarde en direction de la lisière. K. se dit que les pensées d’Alice sont portées vers lui, comment pourrait-il en être autrement. Il a besoin de son corps. Il refusera toujours son corps. Mais il la laissera faire tout de même, si seulement. À l’arrière d’une rapide automobile, une femme passe son bras par la fenêtre. Il croit reconnaître la manche du manteau bleu clair qu’Alice porte si souvent. Il n’a pas eu le temps d’en voir plus. Il en a vu assez pour savoir que c’est elle. La passagère. Où se rend-t-elle ? Le sommeil pointe. Transi de froid, il referme la fenêtre. Seul à nouveau. La chambre, cet espace mortuaire, ce berceau d’étoiles. Il considère une dernière fois son journal. Il a écrit assez peu aujourd’hui. Il n’a rien écrit de valable. Tout déchirer.

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