K. dort un sommeil de plomb (absurdité)

par zeio, dimanche 24 juillet 2016, 02:11 (il y a 2837 jours) @ zeio

*C'est vraiment là que je suis*, marmonne K., assis devant sa table de travail. Cela fait si longtemps qu'il n'a pas ouvert les cahiers, déjà il sent qu'il n'est plus vraiment le même. Cela fait peut-être trois jours, tout au plus. Certainement, beaucoup plus. Le portrait posé sur la table, il y a peu encore lui insufflait la volonté et le courage, désormais c'est un regard intransigeant qu'il voit se fixer sur sa personne, regard devant lequel il se sent nu, inaccompli, empêché, à l'état de fœtus. *Il faudra bien pourtant reprendre le cordon à l'endroit où je l'avais laissé. Là-bas, j'avais fabriqué un nœud, pour me souvenir. Je n'étais pas allé plus loin. Emporté ailleurs, par le vent, par des sujets inopportuns, enfin, toutes sortes de choses* Mais l'endroit recherché est éloigné, il faudra parcourir à nouveau les champs, les labyrinthes et les contradictions, pour parvenir jusqu'à lui avant de le franchir. Il faudra passer les ronces, ouvrir de nouvelles brèches dans les mêmes murs. Mais il se souvient de la route, il se souvient qu'elle est hasardeuse. Quoi d'autre ? Quel autre chemin emprunter, sinon celui du hasard ? Celui qu'il faut sans cesse reprendre à son point de départ, parce qu'il n'est pas d'autre façon d'emprunter le hasard ? L'immobilité le tenaille, elle atténue ses forces. Il sait bien qu'il s'agit de se mouvoir, tout est là, le reste suit, et les étoiles susnommée marcheront avec lui, à la cadence qui leur est propre. Le regard dans le portrait se fait moins sévère, il est comme rassuré par cette nouvelle promesse de mouvement. Prompt à l'incitation. C'est l'étincelle des retrouvailles qui se fait jour, le retour au bercail, au sein du voyage. Les pages qui se tournent sont des bruits de pas pressés dans la nuit, des mots qu'on tiraille violemment pour s'extraire d'un état de captivité qui n'a jamais eu lieu d'être.

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