K. dort un sommeil de plomb (absurdité)

par zeio @, lundi 14 décembre 2015, 03:57 (il y a 3059 jours) @ zeio

K. allume une bougie, rituel simple pour inciter au retour d’un être ou d’une pensée qui s’est absentée. Il a toujours favorisé les sources de lumière vacillante, au détriment des ampoules électriques figées, inertes. Insensibles au courant d’air, à la vie environnante. Ces ampoules électriques restent sans réaction lorsque K. s’agite autour d’elles, comme un éphémère fuyant les angles obscurs, à la recherche d’un centre irradiant, d’une nitescence. Elles interfèrent avec l’imagination en lui retirant le plaisir d’accaparer les ombres mouvantes sur les murs. Rappels à l’ordre des choses qui ne sont plus ou, du moins, qui ne sont que par instants. Il s’agit de les capturer. Il reste donc des frontières à franchir, des pensées réfractaires à solliciter. Des plénitudes à invoquer. Ce qu’il aime par-dessus tout c’est le reflet rougeoyant de la petite flamme sur le rebord des meubles, sur une pierre sans âge, sur le lit qu’elle semble border en y déposant une faible chaleur. Un intérieur digne de ce nom doit recéler une flamme, au moins une, sans laquelle il n’est pas un intérieur mais une délimitation stérile de l’espace. C’est là le sens originel du mot foyer, se rappelle-t-il.

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