K. dort un sommeil de plomb (absurdité)

par zeio, lundi 06 juin 2016, 01:24 (il y a 2885 jours) @ zeio

C'est un inextricable agglomérat de ronces et de vertèbres, de ruines, de pierres amoncelées, sans liant ni soudures, qui sépare K. du but qu'il ignore. Il était possible d'emprunter la route commune, voire de couper à travers champs, sillonner les grands espaces sans se soucier de ses mains, impropres en l'état aux déblaiements. C'est pourtant la voie obstruée qui a été préférée à toutes les autres voies. Aux yeux de K., cheminer ne signifie pas marcher le long des larges avenues que d'autres ont tracé pour nous sous le ciel clair, il s'agit plutôt de creuser, dans les décombres, dans les mines, dans les terriers, aller là où il devient difficile voire impossible de voir et de se mouvoir. Succomber de tout son sang à l'appel d'une fixité, savoir s'il est possible d'y déloger la possibilité d'un mouvement, ce serait du jamais vu, de l'inouï détaché de la glaise du terrier. Creuser le refuge, le fortifier, avant finalement de mettre à jour avec délectation sa défectuosité, l'échec patent de toute entreprise de défense. La vulnérabilité inhérente du bastion. Construire le refuge avant de s'ouvrir entièrement à l'ennemi, comme pour se punir d'avoir posé et soutenu une défense, d'avoir poursuivi un objectif quand bien même hors du commun et mystérieux. Mais l'ennemi frappe seulement lorsqu'il le veut, réclamer la sentence finale n'accélère aucunement le pas de la loi. La loi que l'ennemi écrit avec patience dans le noir, loin de nos yeux limités et humains. Il attend quelque part, il écoute. De temps à autre, il est possible d'entendre les cliquetis de son attirail, ils forment à eux seuls une succession de rappels à l'ordre, un pouvoir lointain et donc, impérial.

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