K. dort un sommeil de plomb (absurdité)

par zeio @, samedi 07 novembre 2015, 04:13 (il y a 3096 jours) @ zeio

Les murs ont, semble-t-il, avancé à nouveau de quelques pas en direction du centre la pièce. Le sol a été travaillé jusque dans les coins. K. hésite désormais à poursuivre ce travail dans les murs. Bientôt, il n’aura plus le choix. Il faut continuer à creuser. Peut-être mettra-t-il au jour une ornière. Trace de son propre passage. Peut-être y découvrira-t-il le visage de la mère. Une lettre à mettre au feu. Il a, depuis quelques temps, abandonné l’idée d’une porte à franchir. Elles sont là pourtant, nombreuses, présentes, pour lui seul. Mais plus il s’en rapproche et plus il sent quelque chose en lui se refermer. Sans cesse appelé, repoussé. Une autorité intérieure, réfractaire, puissance de privation et de survie qui se retourne incessamment contre son hôte. Dans le but secret de l’affranchir de transitoires et ordinaires délivrances. Il ne voudrait pas voir le jour ainsi dominé, victime d’un écrasement qui n’a pourtant pas de commanditaire. Marcher comme les autres hommes sans avoir auparavant éprouvé ce qui précède la marche. Pour rien au monde il souhaiterait perdre ainsi l’objet de ses minutieuses inspections. Il voudrait pour toujours rester figé dans un déploiement. Lui reviennent en mémoire toutes les tentatives de sursauts, les lieux de passage, les innombrables poignées de portes baissées avant de reprendre les armes et se replacer en sentinelle, au centre d’un univers aux bords mouvants. Encerclé d’ennemis qui n’ont pas d’autres noms que le sien propre. Ils ont la substance et l’emprise des rêves liquides et régnants. K. ne cessera pas ce combat perdu d’avance, combat qui le maintient ainsi en suspens, à l’abri des communs effacements.

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